Epuisés, les Syriens fuient en masse le siège et le pilonnage de la Ghouta

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Epuisés, les Syriens fuient en masse le siège et le pilonnage de la Ghouta
Epuisés, les Syriens fuient en masse le siège et le pilonnage de la Ghouta © AFP

Temps de lecture : 3 min

A pied, à moto ou en voiture, des familles syriennes épuisées et affamées ont quitté jeudi la partie rebelle de la Ghouta orientale, fuyant cinq ans de siège et laissant derrière elles des proches et des maisons détruites par les bombardements du régime.

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"Nous avons énormément souffert, il n'y avait plus de nourriture ni de médicaments et nous passions de longues heures dans les sous-sols. Grâce à Dieu, nous avons enfin pu sortir d'ici", dit Hania Homs, 30 ans, en allaitant sa fille à l'arrière d'un pick-up, où elle a pris place avec d'autres membres de sa famille.

"Je n'ai plus de lait mais j'essaie de distraire ma fille", dit-elle en arrivant au barrage tenu par le régime aux abords de la localité de Hammouriyé, dans le sud de l'enclave rebelle cible d'une offensive aérienne et terrestre destructrice du régime depuis le 18 février.

Depuis 2013, les habitants de Hammouriyé subissaient un siège asphyxiant du régime de Bachar al-Assad et souffraient de graves pénuries, à l'instar des autres civils encerclés dans ce dernier fief rebelle aux portes de Damas et que le pouvoir veut reprendre.

Jeudi, plus de 20.000 civils ont fui l'enclave rebelle, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), le plus important nombre de civils à la quitter depuis le 18 février. Ils se rendent dans des zones tenues par le régime.

Des Syriens fuient l'enclave rebelle de la Ghouta orientale, située près de Damas, en empruntant le couloir d'évacuation ouvert à Hoch Al-Achaari par les forces du régime syrien, le 15 mars 2018 © LOUAI BESHARA AFP

Comme Hania Homs et des milliers d'autres habitants, Myriam, 20 ans, a franchi le barrage de Hammouriyé après avoir marché durant des heures en portant son nouveau-né.

"Je suis partie à 7 heures du matin et j'ai parcouru toute cette distance à pied en portant mon fils", raconte-t-elle, essoufflée.

Face à la progression rapide des forces du régime qui contrôlent désormais plus de 70 % de la partie rebelle, l'exode de la population s'est intensifié, selon l'OSDH.

Cette fuite a eu lieu avant la reprise aux rebelles de la totalité de Hammouriyé.

'A la hâte'

Oum Hania est assise à l'avant du pick up. "Après des années d'aisance, nous avions fini par attendre la moindre portion alimentaire".

"Nous sommes partis et avons laissé derrière nous nos maisons, nos biens et nos fermes", ajoute-t-elle, la gorge nouée et les larmes aux yeux.

Dans le couloir humanitaire sablonneux, exigu et bondé de centaines de déplacés de tous les âges, un jeune homme aux vêtements usés pousse le fauteuil roulant de sa grand-mère. Il a parcouru des kilomètres avant d'atteindre le barrage du régime.

"Je suis soulagée" de pouvoir finalement sortir, lâche Sara Ghannoum, 80 ans.

Sa fille, Afaf el-Khatib, 50 ans, attend à côté d'elle l'arrivée des autres membres de la famille. "Nous avons fait nos valises à la hâte dès que nous avons appris que nous pouvions sortir".

Un Syrien transporte un enfant sur son dos, fuyant l'enclave rebelle de la Ghouta orientale, située près de Damas, le 15 mars 2018 © LOUAI BESHARA AFP

Non loin d'elle, Hussein Samid, 40 ans, est assis au bord de la route, une cigarette à la main. A côté de lui, ses voisins tentent également de se reposer après plusieurs heures de marche. "Nous souhaitions sortir il y a longtemps mais ils ne nous ont pas laissés partir", dit-il, en allusion aux rebelles.

Au point de contrôle, des soldats syriens distribuent des sandwichs, de l'eau et du jus aux civils qui arrivent. Plus d'une vingtaine d'autobus verts et plusieurs ambulances s'apprêtent à transporter les déplacés vers des centres d'accueil provisoires.

Dans la foule compacte, Ismaïl a fui avec cinq de ses enfants, mais a laissé le sixième derrière lui.

"Nous avons abandonné notre maison, notre voiture. J'ai même laissé ma fille sous les décombres", raconte cet homme de 46 ans. "Je n'ai pas réussi à la retirer" !

15/03/2018 18:50:59 -          Hoch Al-Achaari (Syrie) (AFP) -          © 2018 AFP