Lorenz Mayer, un retraité de 65 ans, montre un autocollant "le Tyrol du Sud sera libre" le 26 juin 2014 près du village de Sirmiano (Sirman), dans le Sud-Tyrol, une région germanophone en Italie

Lorenz Mayer, un retraité de 65 ans, montre un autocollant "le Tyrol du Sud sera libre" le 26 juin 2014 près du village de Sirmiano (Sirman), dans le Sud-Tyrol, une région germanophone en Italie

afp.com/Joe Klamar

"Nous ne sommes pas italiens! L'Italie est une puissance d'occupation, elle n'a aucun droit pour gouverner notre pays. Et nous suivons de très près ce qui se passe en Écosse et en Catalogne", explique-t-elle à l'AFP.

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Au "Parti de la liberté du Sud-Tyrol", dont Mme Klotz est une députée au parlement régional, on a fait gagner aux militants un voyage pour aller observer le référendum d'indépendance écossais du 18 septembre. A son retour, la jeune lauréate du prix "racontera son voyage" sur le site du parti.

Mais les trois formations indépendantistes ont beau totaliser 10 des 35 sièges du parlement local: on semble encore loin d'un référendum dans le bucolique "Sud-Tyrol" -le nom donné à la province alpine par les partisans d'un rattachement à l'Autriche, voire d'une réunion avec le Tyrol autrichien pour former un nouvel Etat.

Culturellement et linguistiquement germanique, le Haut-Adige a été partie intégrante de l'Empire austro-hongrois, puis cédé à l'Italie lors du Traité de Saint-Germain-en-Laye de septembre 1919, qui démantela l'empire des Habsbourg après la Première Guerre mondiale.

- Prospère et bucolique -

Le dictateur fasciste Benito Mussolini tente ensuite d'"italianiser" de force la région, notamment en faisant émigrer des milliers d'italophones et en interdisant l'allemand à l'école.

L'échec du "Duce" débouche sur un accord avec Adolf Hitler en 1939, au terme duquel les germanophones du Haut-Adige pourront librement circuler dans le IIIe Reich allemand.

Sieglinde Taschler avait 6 ans quand elle a déménagé avec ses parents en Bavière. "Là-bas, les gens se moquaient de nous. Ils disaient +Les Italiens arrivent+", se souvient celle qui, à 79 ans, dit ne plus vouloir que "la paix et le calme".

En 1945, les quelque 60.000 migrants s'en retournent dans leur "Südtirol" resté italien.

Une vague d'attentats visant des centrales électriques se produira dans les années 60, avant que la région n'obtienne, en 1972, son statut actuel de large autonomie. Elle vote depuis ses propres lois dans de nombreux domaines, et près de 90% des impôts collectés restent à la capitale Bozen (ou Bolzano selon les affinités).

L'économie du Haut-Adige profite de sa situation géographique de passage entre l'Italie, le nord des Alpes et le reste de l'Europe.

"On a un produit intérieur brut de 36 à 37.000 euros par habitant", l'un des plus élevés de l'Union européenne, vante à l'AFP Georg Lun, de la Chambre de commerce de Bozen.

Pour ne rien gâcher, "nous vivons dans un endroit magnifique", souligne Manuel Moro, un ingénieur de 35 ans qui fait partie des 25% d'italophones de la province. "Nous devrions être contents!"

Voire. La crise de la zone euro a forcé le gouvernement italien à tailler dans les dépenses et à augmenter les impôts pour affronter sa dette publique. Et les habitants du prospère Haut-Adige sont nombreux à se sentir pressurés indûment par Rome.

- 'Pas d'aventures' pour l'Autriche -

Le contexte est favorable aux revendications de liberté. Privé de sa majorité absolue après les élections régionales de 2013, le parti conservateur du Südtirol (SVP) demande ainsi plus d'autonomie, notamment en matière fiscale, tout en affichant son souhait de rester dans l'Italie.

Les élus indépendantistes, eux, souhaitent plus que jamais couper définitivement les ponts.

"Nous voulons un seul Tyrol, un pays, indépendant de l'Autriche", explique à l'AFP Lorenz Mayer, un retraité de 65 ans, en sortant de son portefeuille un autocollant "Südtirol wird frei" ("Le Tyrol du Sud sera libre").

La perspective d'un grand soir sud-tyrolien semble d'autant moins réaliste que, comme l'explique le Vert Florian Kronbichler, élu du Haut-Adige au Parlement de Rome, l'Autriche elle-même ne veut pas rouvrir d'anciennes blessures, ni s'embarquer dans de "nouvelles aventures".

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