Partager
Nature & environnement

A Dar es Salaam, les cyclistes cherchent leur voie

réagir
Un livreur de charbon à vélo descend Sokoine Drive le long de la baie, à Dar es Salaam en Tanzanie, le 27 avril 2014
TO GO WITH AFP STORY BY ERIN BYRNES (FILES) -- A file picture taken on April 27, 2014 shows a man transporting charcoal down Sokoine Drive along the harbour front in downtown Dar es Salaam. With five million inhabitants, Dar es Salaam is growing beyond the capacity of its infrastructure, and city planners as well as ordinary Tanzanians are looking to the bicycle as part of the solution. AFP PHOTO / DANIEL HAYDUK
(c) Afp

Dar es Salaam (AFP) - Sur son tricycle, Fatma file sur la bande d'arrêt d'urgence. Elle pousse les poignées qui font office de pédales et, son bébé attaché dans son dos par un pagne, elle trace son chemin dans Dar es Salaam.

Sur des routes qui tuent ici plus de 10.000 personnes chaque année, ceux qui sont comme elle privés de l'usage de leurs jambes recourent à des tricycles de ce genre, que l'on fait avancer avec les mains.

"Si je n'utilisais pas mon vélo, ma famille aurait beaucoup de mal à survivre", raconte Fatma à l'AFP.

Mais il n'y a pas que les handicapés pour qui les rues sont un parcours du combattant.

Avec ses cinq millions d'habitants, la capitale économique de Tanzanie grossit jour après jour et les infrastructures ne suivent pas: le "havre de paix" (le sens des mots "Dar es Salaam" en arabe) porte de plus en plus mal son nom.

Camions, bus et voitures bataillent sur la route avec les mini-bus appelés "daladalas", qui sont parfois si bondés que les passagers ne peuvent en sortir qu'en passant par la fenêtre.

Mobylettes fatiguées et pousse-pousse à moteur slaloment entre les voitures. Les vendeurs, eux, circulent d'un pas tranquille entre les véhicules pour proposer extincteurs, chapeaux de cow-boy ou livres de psychologie bon marché.

- 43 jours en voiture -

"La plupart des gens passent jusqu'à 43 jours par an coincés dans leur voiture", explique à l'AFP Mejah Mbuya, fondateur d'Uwaba, une organisation qui défend la cause des cyclistes à Dar es Salaam. "Je parle de gens qui mettent deux heures pour aller au travail, et deux heures pour rentrer à la maison."

Dans l'énorme concert de moteurs et de klaxons, les adeptes du vélo tentent de se faire entendre pour avoir un espace à eux.

A l'occasion de la récente Caravane des vélos, plus de 400 personnes sont ainsi descendues dans les rues. Objectif: défendre les droits des cyclistes et convaincre le législateur que des pistes cyclables rendent les villes plus vivables, et sauvent aussi des vies.

M. Mbuya organise ce rendez-vous annuel depuis 2006. Il est persuadé des bienfaits que le vélo peut apporter non seulement à la santé des personnes, mais à celle des villes.

Pour lui, ce ne sont pas seulement les automobilistes qui doivent penser aux cyclistes, mais aussi les urbanistes et les ingénieurs, ceux qui redessinent la ville et qui construisent les autoroutes.

"Il faut qu'ils planifient en pensant aux gens, et aux gens qui font du vélo. Pas seulement aux voitures et aux immeubles", dit-il.

La municipalité pense avoir trouvé le moyen de rendre plus fluide l'intense trafic quotidien: le "Projet de transport en commun rapide" (Dar Rapid Transit Project). Il s'agit, d'ici 2015, de réhabiliter une vingtaine de kilomètres de route pour lancer un système d'autobus rapide.

"Nous travaillons très dur pour tenir le rythme", insiste Jerry William Silaa, le maire d'Illala, dont la circonscription inclut le centre-ville.

Casque sur la tête et veste à réflecteurs lors de la Caravane des vélos, il assure que les cyclistes ne seront pas les parents pauvres de ce nouveau "schéma directeur": des pistes cyclables sont au programme.

- 15 millions en 2025 -

"Nous essayons de faire en sorte que la ville vive encore 100 ans, car avec cette croissance nous allons atteindre une population de 15 millions de personnes et passer au statut de mégapole d'ici 2025", souligne l'édile.

Selon lui, Dar es Salaam, comme d'autres villes en pleine explosion en Afrique de l'Est, doit savoir miser dès aujourd'hui sur le développement durable et l'innovation.

La tâche est compliquée. Récemment, les autorités ont banni du centre-ville les modes semi-formels de transport public, comme les mobylettes et autres pousse-pousse à moteur. Mais sans parvenir à décongestionner ce secteur archi-fréquenté.

Dans le dédale de la grande cité tanzanienne, les habitants n'ont d'autre choix que d'inventer leurs propres stratégies.

Filbert Mbecha travaille comme coursier chez Fasta, premier service de livraison à vélo de la ville. Si le concept reste nouveau pour beaucoup de gens, la société séduit des clients depuis son lancement il y a trois ans. Et livre toutes sortes de colis, depuis les simples lettres jusqu'aux gâteaux de mariage.

"En tant que coursier, dit-il, je suis détendu quand je suis à vélo et que je vois les voitures coincées dans les embouteillages. J'ai vraiment l'impression d'aller très vite".

Il espère que les infrastructures de Dar es Salaam accorderont bientôt aux vélos la place qu'ils méritent. Vu que la ville devrait voir sa taille tripler dans la décennie qui vient, il n'est pas le seul à nourrir ce rêve.

Commenter Commenter
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications