Les recettes publicitaires de la chaîne d'infos BFMTV auraient été amputées de 10 millions d'euros, si LCI, propriété de TF1, avait obtenu gain de cause, selon Alain Weill, patron de la maison mère NextRadioTV

Les recettes publicitaires de la chaîne d'infos BFMTV auraient été amputées de 10 millions d'euros, si LCI, propriété de TF1, avait obtenu gain de cause, selon Alain Weill, patron de la maison mère NextRadioTV

afp.com/Lionel Bonaventure

"Le grand gagnant de cette décision est NextRadioTV car c'est le groupe qui aurait le plus pâti du transfert en gratuit de ces chaînes", relève Jean-Baptiste Sergeant, analyste du courtier Gilbert Dupont, dans une note.

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Les recettes publicitaires de la chaîne d'infos BFMTV auraient été amputées de 10 millions d'euros (sur 70 millions en 2013), si LCI, propriété de TF1, avait obtenu gain de cause, selon Alain Weill, patron de sa maison mère NextRadioTV.

NextRadioTV craignait également que sa chaîne RMC Découverte, lancée en 2012 et qui n'a pas encore atteint l'équilibre financier, souffre aussi de la concurrence du passage en gratuit de Planète+ (groupe Canal+)

Concerné plus indirectement, NRJ Group"se réjouit" aussi du veto du CSA au passage de Paris Première (M6) en gratuit, qui aurait mis en péril sa chaîne NRJ12, positionnée selon lui sur un créneau proche.

"Toute décision contraire aurait profondément déstabilisé le marché publicitaire et les acteurs" du secteur, souligne à l'AFP Maryam Salehi, directrice déléguée de NRJ Group.

TF1, premier groupe de médias français, et M6, filiale du géant allemand Bertelsmann, estiment que la TNT payante n'est plus viable alors que les distributeurs doivent cesser à la fin de l'année de leur verser des redevances pour la diffusion de LCI et Paris Première, et sollicitaient le passage de leurs chaînes en gratuit. Le groupe Canal+ (Vivendi) s'était résigné à demander le passage en gratuit de Planète+, à la suite de ses concurrents.

Le CSA leur a dit non mardi, justifiant sa décision notamment par la "baisse marquée des recettes publicitaires des services de télévision", un contexte peu propice à l'arrivée de nouvelles chaînes gratuites sur la TNT qui en compte déjà 25.

"Lorsqu'on augmente l'offre dans un marché déficitaire, cela revient mécaniquement à l'appauvrir", note Mme Salehi.

-Le gâteau publicitaire se réduit-

Selon les chiffres de l'Irep-France Pub, le gâteau de la publicité télévisuelle ne cesse de se réduire en France avec des recettes nettes de 3,2 milliards d'euros en 2013, en recul de 3,5% après -4,5% l'année précédente.

Ce ne sont pas les volumes qui sont en baisse, la télévision restant toujours le média préféré des annonceurs, mais les prix. L'année 2013 a donné lieu à une guerre des tarifs et des remises.

Mais le constat est à nuancer, puisque si les chaînes historiques continuent à souffrir, les chaînes de la TNT, câble et satellite voient leurs recettes progresser (+4,4% au premier trimestre).

D'où l'appétit des groupes de médias à disposer de nouvelles chaînes sur la TNT gratuite, après six nouvelles lancées décembre 2012, ce qui aboutit à fragmenter encore plus le marché.

Les groupes M6 et TF1 ont tous deux dévoilé l'impact de recettes publicitaires en berne lors de la publication de leurs résultats du premier semestre ces derniers jours.

Malgré les audiences records de la Coupe du Monde qui ont dopé son audience, le groupe TF1 a vu ses recettes pub baisser de 2,2% au deuxième trimestre sur ses antennes gratuites, tandis que M6 a vu les siennes dévisser de 5,4%.

Avec ce veto opposé aux poids lourds du secteur et protégeant les indépendants, "on voit le CSA prendre toute la mesure de son pouvoir, il s'assume comme un régulateur actif et pro-actif", observe Olivier Cousi, associé chez Gide et expert en droit de l'audiovisuel.

Mais il devient aussi un "pouvoir de régulation économique" en vertu de la loi du 15 novembre 2013, qui lui donne le pouvoir de nommer les chaînes pouvant basculer de la TNT payante au gratuit.

Les groupes peuvent toutefois dans les deux mois déposer un recours devant le Conseil d 'Etat pour contester la légalité de la décision prise par le CSA. Il existe aussi la possibilité d'un recours gracieux, a souligné l'expert.

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