"Antisemitox", traitement par l'humour de la haine des Juifs

Trois pastilles au miel et un patch conditionnés dans une boîte de médicaments "Antisemitox": une nouvelle association, l'Organisation juive européenne (OJE), a choisi l'humour pour sensibiliser à la résurgence des actes antisémites en France.

AFP
"Antisemitox", traitement par l'humour de la haine des Juifs
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Trois pastilles au miel et un patch conditionnés dans une boîte de médicaments "Antisemitox": une nouvelle association, l'Organisation juive européenne (OJE), a choisi l'humour pour sensibiliser à la résurgence des actes antisémites en France.

"On peut enfin guérir de son antisémitisme", proclame la campagne de communication associée à cette initiative imaginée par un publicitaire français, Frank Tapiro.

Une notice plus vraie que nature informe que "ce médicament est indiqué en cas d'apparition des premiers symptômes antisémites: insultes, jurons, comportements agressifs, dérives révisionnistes, quenelles, fièvres du vendredi soir (Shabbat Fever), judéophobie, antisionisme".

La boîte contient trois pastilles au miel dont les principes actifs agissent "dès l'apparition des premiers troubles par un adoucissement immédiat des paroles et des comportements antisémites", assure la notice, ajoutant qu'"une certaine forme d'humour basée sur l'autodérision peut apparaître". En outre, un autocollant représente un patch utile "en cas d'antisémitisme latent".

Plus sérieusement, les précautions d'emploi listent les différents délits (diffamation, injure, incitation à la haine raciale...) auxquels s'exposent les auteurs de propos antisémites.

"Le but de cette campagne est d'interpeller, sur le ton de l'humour autant que faire se peut, les pouvoirs publics, les politiques, les médias sur un phénomène que nous considérons comme sérieux", explique à l'AFP Fabien Bellahsen, un des dirigeants de l'OJE.

Cette organisation créée au printemps, qui revendique plus de 350 membres et ambitionne de se développer en Belgique, Suisse et Grande-Bretagne, entend proposer "une manière originale de lutter positivement contre le fléau de l'antisémitisme et sa fausse barbe, l'antisionisme".

Sur son site internet, l'OJE propose de commander Antisemitox contre un don d'un minimum de cinq euros destiné à financer son "plan de lutte contre l'antisémitisme".

"Je ne crois pas que ça puisse être efficace, mais ça ne peut pas faire de mal", a confié à l'AFP, amusé, Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), dont l'OJE n'est pas membre.

Les actes antisémites ont plus que doublé sur les dix premiers mois en France, suscitant une vive inquiétude dans la première communauté juive d'Europe, forte de 500.000 à 600.000 membres.

Ce climat est l'un des ferments, selon les responsables communautaires, de l'émigration vers Israël qui a plus que doublé entre janvier et octobre depuis la France, premier pays pour l'aliyah en 2014 avec plus de 6.000 départs.

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