Les raisons du renvoi de Georges Tron aux assises pour viols

Après deux ans et demi d'enquête, des magistrats instructeurs d'Évry avaient estimé en 2013 qu'il n'existait pas de charges suffisantes contre M. Tron.

Source AFP

Georges Tron aurait un penchant pour la réflexologie plantaire.
Georges Tron aurait un penchant pour la réflexologie plantaire. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Des plaignantes constantes dans leurs accusations, des mis en examen dissimulateurs, des faits "plausibles"... Autant de raisons invoquées par la cour d'appel pour justifier le renvoi aux assises, contre toute attente, de l'ex-secrétaire d'État UMP Georges Tron pour viols.

Le point du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Après deux ans et demi d'enquête, des magistrats instructeurs d'Évry avaient pourtant estimé en 2013 qu'il n'existait pas de charges suffisantes contre M. Tron d'avoir violé Éva Loubrieu et Virginie Faux, deux anciennes salariées de sa mairie de Draveil (Essonne), avec la complicité de son ex-adjointe Brigitte Gruel.

Mais du même dossier, la cour d'appel de Paris a fait lundi une analyse radicalement contraire, dans un arrêt cinglant contre celui qui avait quitté le gouvernement dans la foulée de ce scandale, a indiqué jeudi à l'AFP une source proche du dossier. M. Tron, qui conteste ces accusations, se pourvoit en cassation.

Faute de constatations médicales possibles - les faits dénoncés étant bien antérieurs aux plaintes -, c'est essentiellement sur la foi des témoignages que la chambre de l'instruction a pris sa décision.

Cinq témoignages concordants

Engagée à la mairie en 2008, Mme Faux affirme avoir été violée par M. Tron en novembre 2009 en présence de Mme Gruel, puis avoir été victime d'agression sexuelle en janvier 2010. Si elle reconnaît une liaison avec le maire avant son embauche en janvier 2007, Mme Loubrieu accuse M. Tron et son ex-adjointe de plusieurs viols de 2007 à 2009, décrivant aux enquêteurs un "scénario classique et pervers du maire" dans son bureau, sous le couvert de la réflexologie, l'art du massage thérapeutique des pieds.

La cour d'appel a, selon la source, estimé que Mme Loubrieu n'avait jamais varié dans ses déclarations et que les éventuelles divergences dans le récit de Mme Faux n'étaient "pas significatives". Toutes deux se sont confiées à des proches bien avant les plaintes. Et cinq autres femmes ont, selon la cour, décrit dans les mêmes termes les pratiques sexuelles de l'édile.

Dossier essentiellement polémique

D'où les soupçons, face à cette accumulation de témoignages, sur les dénégations de M. Tron et Mme Gruel, que la cour a interprétées comme une possible "volonté de dissimulation de leurs moeurs", qui ne plaide pas en faveur de leur sincérité.

Elle s'est aussi interrogée sur des "dossiers" constitués sur les deux plaignantes, peut-être pour "les décrédibiliser pour les besoins de la cause", et évoque des "pressions" sur Mme Faux pour qu'elle ne révèle pas les faits.

Tron dénonce un complot

En réponse à M. Tron qui a souvent dénoncé un complot de ses adversaires d'extrême droite, la cour juge que les plaignantes ne peuvent être "suspectes de calculs politiques". Pour caractériser un viol, le Code pénal requiert un élément de "violence", de "menace", de "contrainte" ou de "surprise". Les magistrats de la cour ont estimé que les faits présumés répondaient à une partie de ces critères.

Maire depuis 1995, M. Tron avait un ascendant sur Mmes Faux et Loubrieu qui pouvaient craindre d'être sanctionnées en rejetant ses avances, a estimé la cour. La liberté de leur consentement à participer à des jeux sexuels sur leur lieu de travail ne pouvait que se poser, a-t-elle considéré. Elle a également relevé que M. Tron était toujours impliqué dans le recrutement qui aboutissait à l'embauche de collaboratrices ayant en commun "une présentation soignée et féminine", en difficultés financières ou personnelles, et selon des critères détachés de leurs compétences.

Présomption d'innocence

Quant à l'intérêt allégué du maire pour la réflexologie, la cour s'est montrée sceptique sur la finalité médicale de ces soins, s'interrogeant sur "la satisfaction sexuelle qu'il pouvait rechercher" dans cette pratique. Contacté par l'AFP, l'avocat du maire, Me Olivier Schnerb, a estimé que cet arrêt ne constituait "pas un ensemble de faits nouveaux mais une appréciation différente de ce qui a conduit à trois reprises des magistrats à conclure à l'absence de charges".

"Ce dossier essentiellement polémique, pollué par une atmosphère politique détestable, devrait par sa complexité conduire à un respect encore plus grand de la présomption d'innocence de Georges Tron", a dit Me Schnerb. "Le dernier mot appartiendra à la Cour de cassation."

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (30)

  • takezo26

    Y a t'il une différence entre un viol par un politique, et un par un Français dit ordinaire ? Moi, je n'en vois pas, mais apparemment la justice est plus lente pour le politique, comme si il était intouchable. Justice à deux vitesses, c'est pas nouveau. A écouter cet individu, c'est la faute des femmes qui sont trop désirables.

  • cenomane

    C'est le problème de juger un politicien de quelque bord qu'il soit ; on constate que c'est chose impossible. Mais, me direz-vous, en 2017, le problème sera résolu puisque les juges seront supprimés afin que la justice soit rendue par des notables ; Le meilleur des monde, c'est pour 2017 ! Qu'on se le dise !

  • roquebrune

    @annapurna fait un parallèle avec l'affaire Baudis et c'est exact, contrairement a ce sur vous prétendez : selon vous qu'elle est la différence ?
    Des mises en examen scandaleuses basées sur aucune preuve dont celle ignoble de Baudis
    Personne hormis des magistrats ne prenaient au sérieux ces accusations. Ainsi un substitut fut mis en examen pour des faits a une période ou il était en poste dans l'est de la France. ...
    Je n'étais pas dans le bureau de Tron et vous non plus (? ). Ce qui est incroyable est qu'une juridiction prononce un non lieu et une autre qui n'a pas de nouvelles infos (et pour cause ! ) prétende l'inverse. Apres Outreau, le Mur des cons ( inimaginable dans aucun pays démocratique sans sanctions) et bien d'autres non médiatisées, on est stupéfait par l'incertitude judiciaire... A moins qu'elle soit politisée ?
    Alors explicitez Svp votre pensée sur les affaires Baudis et Tron