Décès à 71 ans de l'ancien grand rabbin de France Joseph Sitruk
- Publié le 25-09-2016 à 17h33
Aussi charismatique qu'intraitable sur l'orthodoxie religieuse, l'ancien grand rabbin de France Joseph Sitruk, guide spirituel de la première communauté juive d'Europe pendant plus de 20 ans, est mort dimanche à Paris à l'âge de 71 ans.
Victime d'une attaque cérébrale en 2001 et malade depuis plusieurs années, il est mort à l'hôpital, a-t-on appris dans l'entourage du grand rabbin de France Haïm Korsia, qui fut son collaborateur et qui a fait part de sa "tristesse et douleur immense".
Un office d'hommage aura lieu à 19H30 à la Grande Synagogue de la Victoire à Paris.
Dès l'annonce de son décès, les réactions se sont multipliées pour saluer la mémoire de ce séfarade chaleureux, né à Tunis le 16 octobre 1944, qui a exercé les fonctions de grand rabbin de 1987 à 2008.
François Hollande a salué la mémoire d'un "homme de dialogue, défenseur de la laïcité, (...) une figure marquante du judaïsme français". Manuel Valls a présenté ses "condoléances attristées".
Pour Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, chargé des Cultes, "Joseph Sitruk aura été, non seulement un homme d'étude et de foi, un intellectuel érudit, un bâtisseur des ?uvres de la communauté juive, mais aussi un acteur du dialogue avec toutes les religions, un défenseur des valeurs de la République et un combattant infatigable de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme".
La communauté juive est frappée de "tristesse", selon les mots de Gilles Berheim, qui avait succédé de 2009 à 2013 à Joseph Sitruk, "un maître et un ami".
"Il laissera une empreinte très profonde dans l'histoire et la vie du judaïsme français", a souligné le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), pour qui "Joseph Sitruk est et restera une figure exemplaire pour les juifs de France qui conserveront l'image d'un homme courageux, fidèle à ses convictions et d'une générosité exceptionnelle".
- 'Rejudaïser les juifs' -
L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, garde en mémoire "de longues discussions tout au long de ces années" et des "souvenirs de Tunisie" partagés.
L'ancien chef de l?État, Nicolas Sarkozy, a estimé que "la République perd une grande figure, ayant marqué durablement le judaïsme français". Alain Juppé a relevé que "la France perd un grand homme de dialogue".
Tout au long de ses trois mandats de grand rabbin, Joseph Sitruk aimait à cultiver des relations nourries avec les représentants des autres cultes et les responsables politiques.
Adjoint du grand rabbin de Strasbourg à 26 ans, il devient dès 1975, à 31 ans, grand rabbin de Marseille, avant d'être élu grand rabbin de France pour un premier mandat de sept ans en 1987.
Se disant favorable à "une société ouverte, contre toute forme de ghetto", cet homme à la barbe fournie a défendu l'intégration des juifs tout en voulant les "rejudaïser" en les ramenant dans les synagogues.
Ce rabbin marié et père de neuf enfants a prôné une stricte observance de la loi juive, la "halakha", se montrant intransigeant sur les conversions, les mariages mixtes, le repos du shabbat ou la condamnation de l'homosexualité.
Il a également été critique d'une "laïcité intolérante" au risque de se heurter aux usages républicains, comme en 1994 lorsqu'il a appelé les juifs pratiquants à ne pas participer au second tour des élections cantonales, au motif qu'il coïncidait avec le premier soir de Pessah, la pâque juive.
Il avait à nouveau provoqué la polémique en juin dernier à propos de la Gay Pride de Tel Aviv, qu'il considérait comme "une abomination et "une tentative d'extermination morale du peuple d'Israël".
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