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Alexandra Lange, une femme battue acquittée en 2012 pour le meurtre de son mari, a demandé ce mercredi que Jacqueline Sauvage puisse bénéficier de la grâce présidentielle. « Bien sûr que oui, le président de la République doit gracier Jacqueline Sauvage. Même avec un Oui majuscule. On n'a pas reconnu Jacqueline comme étant une victime, mais comme une criminelle », a déclaré Alexandra Lange au micro de France Bleu Nord.
Selon elle, l'acte de cette mère de famille de 66 ans condamnée à 10 ans de réclusion, jugée coupable d'avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après 47 ans d'enfer conjugal, n'était qu'une « riposte ». « Elle n'a fait que riposter à toutes ces attaques pendant 47 ans. Ils auraient préféré quoi ? Qu'elle fasse partie des 118 femmes qui meurent chaque année sous les coups des maris violents ? » s'est demandée Alexandra Lange.
« Libérez Jacqueline » : le slogan se propage depuis le 3 décembre et la condamnation en appel par la cour d'assises du Loir-et-Cher, avec notamment une pétition sur le site Change.org qui avait récolté près de 367 000 signatures mercredi.
« C'était lui ou moi »
La grâce présidentielle, permise par l'article 17 de la Constitution et qui doit être contresignée par le garde des Sceaux, s'apparente à une suppression ou à une réduction de la peine, et non à une amnistie, la condamnation restant inscrite au casier judiciaire. Au lendemain du verdict, l'association Osez le féminisme avait dénoncé un « déni de justice », appelant « à l'élargissement de la présomption de légitime défense aux femmes victimes de violences ».
Depuis, plusieurs personnalités se sont ralliées à la demande de grâce déposée par les trois filles de Jacqueline Sauvage fin 2015. Dans une affaire similaire, Alexandra Lange, 32 ans à l'époque des faits, une femme battue pendant 12 ans par son compagnon, avait été acquittée le 23 mars 2012 par la cour d'assises du Nord du meurtre de son mari, d'un coup de couteau à la gorge alors qu'il tentait de l'étrangler dans la nuit du 18 au 19 juin 2009 à Douai.
Lors de son procès, elle avait déclaré : « C'était lui ou moi. » La légitime défense avait été retenue en sa faveur. Son histoire a été adaptée dans le téléfilm L'Emprise, diffusé sur TF1 en 2015 et comptabilisant 8,5 millions de téléspectateurs.
La grâce présidentielle fait partie de ces prérogatives royales héritées en droite ligne de l'Ancien Régime malgré les révolutions, les empires, et la multitude de constitutions républicaines que notre pays a traversés depuis plus de deux siècles.
Dans le Nouvel Observateur, un journaliste n'hésite pourtant pas à la qualifier, sans sourciller, comme étant de gauche.
Louis XIV, Louis XV progressistes ?
Amusant, mais tant pis parce qu'il y a plus important :
Si cette grâce peut servir à éviter la prison à une femme dont le seul tort est de s'être délivrée, de manière certes un peu rugueuse, d'un enfer domestique à caractère esclavagiste, alors tout est bien.
Comme quoi le conservatisme peut être progressiste...
Laissons donc les philosophes de la politique méditer sur ce paradoxe et souhaitons qu'Hollande fasse, pour une fois, preuve d'empathie et d'esprit de décision.
PS : la grâce présidentielle annule partiellement ou totalement la sanction mais n'efface pas le casier judiciaire. La Constitution distingue très bien les pouvoirs en l'occurrence.
Demande la grâce de cette victime … mais pépère a des pudeurs : il ne veut pas passer pour moi-président-qui-exerce-son-droit-de-grace … ça lui passera, mais quand ?
Mais pourquoi à t elle laisse son mari violer ses filles, elle aurait dû porter plainte à ce moment là.