Le groupe islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, s'est servi du conflit avec Israël dans l'enclave palestinienne pour «régler ses comptes» avec ses rivaux palestiniens, exécutant au moins 23 personnes dans ce qui pourrait s'apparenter à des crimes de guerre, affirme mercredi Amnesty International.

Un nouveau rapport de l'ONG basée à Londres sur la guerre de Gaza de juillet-août 2014 dénonce «une campagne brutale d'enlèvements, de torture et de crimes contre des Palestiniens accusés de 'collaborer' avec Israël» de la part du Hamas.

Le rapport détaille «les exécutions sommaires d'au moins 23 Palestiniens et l'arrestation et la torture de dizaines d'autres».

«Il est absolument épouvantable que, tandis que les forces israéliennes infligeaient des pertes humaines et matérielles massives au peuple de Gaza, les forces du Hamas en aient profité pour régler sans vergogne leurs comptes, menant une série d'assassinats et d'autres graves violations» des droits de l'Homme, affirme le directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Philip Luther.

Plus de 2200 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, pendant la guerre de juillet-août 2014. Côté israélien, 73 personnes, dont 67 soldats, ont péri.

En mars, Amnesty avait déjà accusé des groupes armés palestiniens de crime de guerre pendant le conflit.

Selon le rapport paru mercredi, «les forces du Hamas ont aussi enlevé, torturé ou attaqué des membres du Fatah, leur principal rival politique à Gaza, dont d'anciens membres des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne».

«Pas une seule personne n'a été reconnue responsable des crimes du Hamas contre les Palestiniens pendant le conflit de 2014, ce qui indique que ces crimes étaient soit ordonnés soit approuvés par les autorités», ajoute l'ONG.

M. Luther accuse le Hamas de «crimes révoltants contre des individus sans défense», qui, dans certains cas, constituent des crimes de guerre.

Selon lui, le mouvement a «méprisé les règles les plus élémentaires du droit humanitaire international».

Amnesty appelle l'Autorité palestinienne, basée à Ramallah, en Cisjordanie, et le Hamas à «coopérer avec des mécanismes d'enquête internationaux indépendants et impartiaux», et à traduire les suspects en justice.

Dans deux précédents rapports, c'est Israël qu'Amnesty accusait de crimes de guerre, des accusations également portées par la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).

Les Palestiniens ont l'intention de traduire en justice les dirigeants israéliens pour crimes de guerre devant la Cour pénale internationale, qu'ils viennent de rejoindre.

Israël n'accepte pas les enquêtes internationales, partiales selon lui, et assure être capable de rendre la justice lui-même. Plusieurs enquêtes de la justice militaire sont ainsi en cours, et des soldats ont déjà été inculpés.