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Béatification de Mgr RomeroLe Salvador prépare sa «fête planétaire»

Le Salvador se prépare à fêter la béatification de l'archevêque Oscar Romero, tué en 1980.

Trente-cinq ans après son assassinat, Oscar Romero, l'archevêque des «sans-voix» et modèle d'une Eglise engagée socialement en Amérique latine, sera béatifié ce samedi 23 mai au Salvador.

«Cela va être un jour inoubliable, une fête planétaire», se réjouit l'évêque auxiliaire de San Salvador, Gregorio Rosa Chavez.

«Cette fête va unir le monde entier, dans l'espoir d'un monde où les valeurs pour lesquelles Mgr Romero s'est battu soient vraiment présentes.»

Crypte sous les fleurs

La cérémonie, présidée par le cardinal Angelo Amato, envoyé spécial du pape François et préfet de la Congrégation pour les causes des saints, débutera à 10h locales (18h) à San Salvador.

Y participeront six cardinaux, plus de 100 archevêques et évêques, les présidents du Salvador, Salvador Sanchez Cerén, d'Equateur, Rafael Correa, du Honduras, Juan Orlando Hernandez, et du Panamá, Juan Carlos Varela, ainsi que les vice-présidents de Bolivie, Costa Rica, Cuba et Belize.

Depuis quelques jours, la crypte de Mgr Romero, au sous-sol de la cathédrale de San Salvador, se recouvre peu à peu de fleurs apportées par les fidèles.

Agenouillée face à son immense sculpture, Amanda Dominguez, vendeuse ambulante, s'exclame : «Il dort du sommeil du juste.»

Décrit comme un homme simple et proche du peuple, Oscar Romero est une idole pour beaucoup de Salvadoriens et son visage s'affiche sur les murs, des t-shirts, porte-clés ou tasses vendus dans la rue.

L'évêque, né en 1917, avait pris la défense des paysans sans terre après la dictature militaire, quand s'opposaient un gouvernement conservateur et un mouvement de guérilla d'extrême gauche, le Front Farabundo Marti, aujourd'hui au pouvoir.

Martyr

Son assassinat avait eu un large impact en Amérique latine, continent majoritairement catholique, où plusieurs régimes d'extrême droite luttaient alors contre des guérillas marxistes.

Derrière sa béatification, il y a un homme: le prêtre Rafael Urrutia, qui a attiré dès 1990 l'attention de l'Eglise à son sujet.

Le cas de l'archevêque modéré, qui n'appartenait pas au courant plus politisé de la «théologie de la libération», est ensuite parvenu à la Congrégation pour les causes des saints.

Cette dernière a dû «déterminer s'il a été assassiné pour des causes politiques ou idéologiques ou s'il a été un martyr en raison d'une haine à la foi, c'est pourquoi cela a pris du temps, dix ans (2000-2010)», explique Rafael Urrutia.

Freinée par l'opposition de secteurs conservateurs, la procédure de béatification est restée au point mort jusqu'à avril 2013, quand le pape François a relancé le dossier.

Au final, le 3 février dernier, le Vatican reconnaissait Oscar Arnulfo Romero comme «martyr» de l'Eglise, se dispensant ainsi de devoir lui attribuer un miracle pour le béatifier.

Dans le petit pays d'Amérique centrale, le 24 mars 2010, le président de gauche Mauricio Funes avait demandé pardon au nom de l'Etat pour ce meurtre et déclaré Mgr Romero «guide spirituel de la nation».

Une balle en pleine poitrine

Malgré les réticences de la droite, il a baptisé du nom de Romero un nouveau boulevard et l'aéroport international, avant de faire installer une fresque en son honneur au palais du gouvernement.

«Que signifie pour le Salvador et le monde la béatification? Cela signifie que la vérité et la justice sociale vont maintenant être présentes dans la vie du Salvador», déclarait récemment l'actuel président, Salvador Sanchez Cerén.

Dans la petite chapelle de l'hôpital pour cancéreux La Divina Providencia, l'archevêque Romero avait été abattu d'une balle en pleine poitrine alors qu'il célébrait la messe, le 24 mars 1980. Son assassin n'a jamais été retrouvé.

Funérailles sanglantes

La veille de sa mort, il avait appelé les soldats à désobéir aux ordres de tirer sur la foule.

Ses funérailles le 30 mars avaient viré au drame, les tirs des militaires pour disperser le public causant des dizaines de morts, coup d'envoi d'une douloureuse guerre civile qui a duré douze ans (1980-1992), avec 75 000 morts et au moins 7000 disparus.

En 1993, une Commission de la vérité de l'ONU a désigné comme commanditaire du meurtre le dirigeant militaire et leader de droite Roberto D'Aubuisson, décédé d'un cancer en 1992.

AFP