Des millions de fidèles à un important pèlerinage chiite en Irak

Des millions de fidèles à un important pèlerinage chiite en Irak

Des millions de musulmans chiites, se frappant la tête ou se flagellant la poitrine en signe de deuil, ont célébré jeudi dans la ville sainte irakienne de Kerbala une cérémonie majeure de l'islam chiite.
Des millions de musulmans chiites se retrouvent pour la célébration de l'Arbaïn, l'un des plus grands rassemblements religieux au monde, le 3 décembre 2015 dans la ville irakienne de Kerbala, à 80 km au sud de Bagdad
Des millions de musulmans chiites se retrouvent pour la célébration de l'Arbaïn, l'un des plus grands rassemblements religieux au monde, le 3 décembre 2015 dans la ville irakienne de Kerbala, à 80 km au sud de Bagdad - MOHAMMED SAWAF AFP
© 2015 AFP

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Des millions de musulmans chiites, se frappant la tête ou se flagellant la poitrine en signe de deuil, ont célébré jeudi dans la ville sainte irakienne de Kerbala une cérémonie majeure de l'islam chiite.



Placée sous haute surveillance, cette cité située à 80 km au sud de Bagdad était noire de monde pour la célébration de l'Arbaïn, l'un des plus grands rassemblements religieux au monde.

Une marée de fidèles vêtus de noir a conflué vers le mausolée de l'imam Hussein, le petit-fils du prophète Mahomet, vénéré par les chiites et assassiné en 680 par les troupes du calife omeyyade Yazid durant la bataille de Kerbala.

L'Arbaïn marque la fin des 40 jours de deuil pour l'imam.

Malgré la menace d'attaques jihadistes, les pèlerins ont afflué à Kerbala, certains à pied depuis des villes très éloignées comme Bassora, à 500 km plus au sud.

«J'ai marché 12 jours pour rejoindre Kerbala», a dit Mohammed Hussein Jassem, un fermier venu du sud, se félicitant de la chaîne de solidarité assurée par des volontaires qui ont fourni eau et nourriture aux pèlerins tout au long de leur trajet.

Selon le général Qais Khalaf, plus de 20 millions de personnes, dont cinq millions d'étrangers, ont participé au pèlerinage durant les 40 jours écoulés, un record selon lui.

Il a annoncé «le succès du plan sécuritaire mis en place pour l'Arbaïn», qui a impliqué 25.000 membres des forces de sécurité.

- Attentat suicide avorté -

Un responsable militaire pour la région de Bagdad a affirmé que les forces de sécurité avaient mis en échec jeudi un attentat en tuant deux assaillants qui voulaient faire détoner leurs explosifs contre des pèlerins au sud de Bagdad.

Les cérémonies de l'Arbaïn ont maintes fois été endeuillées par des attaques de groupes extrémistes sunnites, dont l'organisation Etat islamique (EI) qui contrôle des territoire en Irak et cible régulièrement la communauté chiite, qu'elle considère comme hérétique.

La province de Kerbala (700.000 habitants) est limitrophe de celle d'Al-Anbar, une vaste province sunnite de laquelle les forces progouvernementales peinent à déloger l'EI qui en contrôle la majeure partie.

Des drones iraniens ont été déployés au-dessus de la ville sainte chiite pour prévenir «toute menace», a indiqué Saheb Hamid, membre du Conseil provincial et de la puissante milice chiite Badr.

Lundi, six personnes ont été tuées dans deux attaques séparées visant des fidèles qui se rendaient à pied à Kerbala, selon la police et des sources hospitalières.

- Message politique -

«J'espère que l'élan de solidarité et d'amour qui a prévalu durera (...)», a déclaré Mohammed Hussein Jassem.

L'homme paraissait épuisé sur son trajet vers le mausolée, où les fidèles arboraient une multitude de drapeaux noirs, rouges ou verts avec des images de Hussein, et scandaient leur allégeance à l'imam.

Ce fermier a jugé important à cette occasion d'adresser un message aux différentes factions politiques, auxquelles les Irakiens réclament des réformes en profondeur.

«Alors que l'imam Hussein est venu pour engager des réformes, nous appelons nos politiciens à changer leurs habitudes», a-t-il dit.

Le Premier ministre Haider al-Abadi peine actuellement à faire appliquer des profondes réformes décidées sous la pression de la rue et avec l'appui de l'ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité chiite.

De nombreux autres fidèles ont également fait état de leur volonté de réformes, comme Saïd Abdel Hussein, de Diwaniya (centre). «J'aimerais que les millions de personnes rassemblées ici puissent marcher pacifiquement sur la place Tahrir à Bagdad pour obtenir des réformes», a-t-il expliqué.

«L'imam Hussein s'est élevé au nom des réformes et je crois que ce but est même plus important que de faire le pèlerinage et prier au mausolée», a ajouté cet homme de 50 ans, marchant à l'aide d'un bâton.