La danseuse indienne Lakshmi Vishwanathan lors d'une exposition sur le Kâma-Sûtra, le 1er octobre 2014 à Paris

La danseuse indienne Lakshmi Vishwanathan lors d'une exposition sur le Kâma-Sûtra, le 1er octobre 2014 à Paris

afp.com/Lionel Bonaventure

- "Séduire la femme des autres" -

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Le Kâma-Sûtra est composé de sept livres dont les titres vont des "Méditations" à "La conduite de l'épouse" en passant par "Séduire la femme des autres" ou les "Aphrodisiaques". "C'est beaucoup plus qu'un livre sur le sexe, c'est un livre sur l'art de vivre une grande vie, déclare à l'AFP la commissaire de l'exposition, Alka Pande. C'est un livre sur les parfums, la nourriture, le maquillage, la musique, la danse. C'est un des plus beaux textes sur l'esthétique de la vie, un texte profane, pas religieux."

- Sanskrit -

Le Kâma-Sûtra a été rédigé en sanskrit par un sage, Vâtsyâyana, dont on sait peu de choses et qui a résumé de nombreux textes de l'Inde ancienne. Il n'a été traduit en anglais qu'en 1963 et en hindi l'année suivante. Une première traduction en anglais avait été commandée en 1883 pour son compte personnel par l'érudit et aventurier britannique Sir Richard Burton. Mais "personne n'a vraiment lu le Kâma-Sûtra", lance Alka Pande. "On a seulement regardé les illustrations du livre deux, +L'art de faire l'amour+, le seul concernant les positions sexuelles."

- Une rencontre -

L'exposition (ouverte du 2 octobre au 11 janvier 2015) est en partie le fruit d'une rencontre entre le président de la Pinacothèque, Marc Restellini, et un couple de collectionneurs français, Beroze et Michel Sabatier, qui ont réuni une centaine de bas-reliefs, miniatures et objets de dévotion. Leur collection constitue le coeur de l'exposition, mais des pièces proviennent d'autres collections et de plusieurs musées. L'exposition est aussi la réalisation d'un vieux rêve pour M. Restellini qui se souvient avec émotion de sa découverte, encore adolescent, des photos des bas-reliefs du temple de Khajuharo (Madya Pradesh) dans les écrits sur l'art d'André Malraux. "Le Kâma-Sûtra est le livre le plus connu au monde avec la Bible et il n'y a jamais eu une seule exposition qui lui ait été consacrée", dit-il.

- Erotique hindoue -

Bas-reliefs en bois ou en pierre, souvent issus du Tamil Nadu (sud), miniatures des écoles de Jodhpur, Jaïpur ou Sirohi: l'exposition parcourt les régions et les époques de l'art érotique hindou, entre les couples enlacés sur des terrasses ou sur des lits de brocart et les amours torrides de Shiva, sans oublier l'incontournable tableau des "Quatre-vingt-quatre Asana" (positions). "Le dieu chrétien est amour, le dieu indien fait l'amour. Plus le dieu est un bon amant, meilleur dieu il est", dit M. Restellini. Sont également présentés des objets de dévotion - lingam, symbole du sexe masculin, coupes de libation, et un très étrange plastron féminin de bronze utilisé dans un rite du Kerala.

Très spectaculaire, la scénographie de l'exposition utilise un échantillon de couleurs typiquement indiennes - rose, safran, vert avocat - inspiré par la fête indienne de la couleur, Holi, qui célèbre l'équinoxe de printemps.

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