A devotee of the Chinese Bang Neow Shrine with swords inserted into his cheeks takes part in a street procession during the annual Vegetarian Festival in the southern Thai town of Phuket on September 29, 2014. During the festival, which begins on the first evening of the ninth lunar month and lasts nine days, religious devotees slash themselves with swords, pierce their cheeks with sharp objects and commit other painful acts to purify themselves, taking on the sins of the community. AFP PHOTO/Christophe ARCHAMBAULT

A devotee of the Chinese Bang Neow Shrine with swords inserted into his cheeks takes part in a street procession during the annual Vegetarian Festival in the southern Thai town of Phuket on September 29, 2014. During the festival, which begins on the first evening of the ninth lunar month and lasts nine days, religious devotees slash themselves with swords, pierce their cheeks with sharp objects and commit other painful acts to purify themselves, taking on the sins of the community. AFP PHOTO/Christophe ARCHAMBAULT

afp.com/Christophe Archambault

Lui-même, avant d'enfiler ses gants de sacrificateur en plastique blanc, a subi ce même rituel de purification, essentiel pour l'importante minorité taoïste d'origine chinoise vivant à Phuket, île touristique du sud de la Thaïlande.

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"Je ne ressens aucune douleur. Cela ne fait pas mal", assure Jampen, âgé de 49 ans, malgré les cicatrices barrant son visage.

Comme les centaines d'autres participants au festival qui s'achève jeudi, il assure être, le temps du rituel, doté de pouvoirs insufflés par l'esprit des dieux chinois invoqués.

Mais certains adeptes ne peuvent s'empêcher de crier, au moment où la lame transperce leur chair.

Certains vont jusqu'à arborer lors des parades religieuses dans les rues de la ville de Phuket les objets les plus étonnants: l'un d'eux exhibe une tour Eiffel, du type de celles vendues aux touristes à Paris, enfoncée à mi-hauteur à travers sa langue.

Un autre s'est passé un manche de pelle dans les deux joues... La pelle elle-même étant revissée dans un second temps.

Cela fait près de 200 ans que ces rituels se répètent à Phuket, orchestrés par la communauté chinoise locale depuis 1825.

Selon la légende, tout a commencé avec une troupe d'opéra chinois miraculeusement guérie du paludisme en adoptant un régime végétarien strict.

Lundi, pour le lancement du festival, des centaines de croyants vêtus de blanc ont défilé, recevant la bénédiction de la foule assemblée.

"Cela montre le pouvoir des fidèles. Ils reçoivent la douleur au nom des autres. Cela débarrasse l'ensemble des disciples de la malchance", explique Teeravut Sritularak, président du sanctuaire Jui Tui.

- Marcher sur les braises -

Pendant les rituels complexes de purification, les adeptes se privent d'alcool, de rapports sexuels et se mortifient dans leurs chairs. Sous les objectifs des photographes, équipés pour certains de masques et de combinaisons pour se protéger des giclées de sang.

La plupart des adeptes sont des hommes, mais quelques femmes franchissent le pas, lors de ce spectacle qui détonne dans cette station balnéaire prisée des touristes étrangers.

La nuit venue, des charbons ardents sont répandus sur le sol. Les responsables religieux entrent alors en transe et courent ou marchent à travers les braises. Leurs adeptes les plus téméraires leur emboîtent le pas.

"Ce n'était pas chaud du tout quand je courais dessus. J'ai eu le sentiment que les dieux me protégeaient", témoigne Chaowarit Attatham, 29 ans, à sa sortie de l'épais tapis de braises rougeoyantes.

"Il faut suivre les règles, les suivre avec sincérité. Il faut être très pur", insiste-t-il, évoquant "la force mentale" nécessaire pour se prêter au sacrifice, qui ne doit pas être atténué par la prise de drogues.

Selon l'Autorité du tourisme de Thaïlande, le festival attire quelque 300.000 visiteurs supplémentaires à Phuket, pendant les neuf jours du festival.

La plupart sont des touristes asiatiques, des Malaisiens d'origine chinoise, mais aussi des Chinois ou des habitants de Singapour et Taïwan.

Les Thaïlandais sont aussi nombreux à faire le déplacement, comme Sakchan Pongthepparak, venu au défilé avec sa fille de sept ans.

"C'est excitant et drôle, c'est un miracle", dit-il, alors que les pétards explosent en rafale au passage du cortège, composé d'hommes aux lèvres et joues transpercées par les haches, lances et autres couteaux.

"Certains sont impressionnants. Mais, sans vouloir les offenser, je ne peux pas supporter" de regarder cela, explique Samira Halih, touriste iranienne de 32 ans, détournant la tête au passage des sacrifiés.

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