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À la prison de Rennes, bientôt un quartier à part pour les femmes radicalisées

Bâtie au XIXe siècle, la prison de Rennes a la particularité d'être implantée en plein centre-ville.
Bâtie au XIXe siècle, la prison de Rennes a la particularité d'être implantée en plein centre-ville. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

EN IMAGES - Ce quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR) pour femmes est une première.

Le centre pénitentiaire de Rennes va ouvrir prochainement un Quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR) pour femmes, comme l'avait annoncé Le Figaro au mois de mars dernier. Ce QPR pour femmes «est une première en France et en Europe», selon Véronique Sousset, la directrice. «C'est tout sauf un quartier d'isolement renforcé», a-t-elle lancé en présentant jeudi 29 juillet à plusieurs médias les cellules encore en travaux qui seront occupées par six femmes en septembre, et une trentaine à terme.

Depuis 2016, l'administration pénitentiaire a ouvert des QPR pour les hommes, désormais au nombre de six. Et c'est la prison de Rennes qui a été retenue pour les femmes car «il y a un savoir-faire, une tradition, une expérience de l'établissement qui a l'habitude d'accueillir des personnes détenues terroristes», relève Véronique Sousset. Il s'agit du plus grand établissement du parc pénitentiaire français exclusivement féminin, avec près de 200 détenues.

Six femmes seront accueillies dès septembre, une trentaine à terme. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Pour entrer dans ce QPR, il faut traverser une grande cour en forme de cloître dans cette prison bâtie au XIXe siècle et qui a la particularité d'être implantée en plein centre-ville, à une centaine de mètres de la gare futuriste de Rennes. Puis il faut franchir une grille au premier étage pour découvrir des cellules de 11m2, d'où l'on aperçoit à travers les barreaux des maisons de la capitale bretonne.

Pour éviter tout prosélytisme avec les autres détenues, «ces cellules sont étanches du reste de la détention», précise la directrice, soulignant que ces femmes bénéficieront d'une salle d'activité ou d'une cour pour la promenade à part. À noter également que le mobilier (lit, armoire, WC) sera scellé pour des questions liées à la sécurité alors que six attentats islamistes ont eu lieu dans les prisons françaises depuis celui d'Osny (Val d'Oise) en 2016.

La future cour des détenues radicalisées JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Toutes les ouvertures de cellule s'effectueront par un binôme. La quinzaine de personnes affectées à la surveillance du quartier, toutes volontaires, ont par ailleurs reçu une formation spécifique de trois semaines.

«Pas de baguette magique»

Lors de leur passage dans ces QPR, les détenues «auront un véritable emploi du temps et vont être assez occupées», promet Marie Fageot, conseillère d'insertion et probation. Au programme : du sport, des actions sur le désengagement de la violence, un travail sur l'estime de soi et sur la place de la femme en société ou la venue d'une vice-championne paralympique.

En outre, «nous allons faire appel à des médiateurs du fait religieux qui sont des islamologues et vont permettre d'aborder le fait religieux d'un point de vue historico-critique», explique François Toutain, directeur des Services pénitentiaires d'insertion et de probation d'Ille-et-Vilaine.

Une surveillante dans une des cellules du QPR, actuellement en chantier JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

L'objectif n'est pas de constituer une unité de «déradicalisation»: «On n'a ni recette miracle, ni baguette magique. La déradicalisation est un fantasme, ça n'existe sans doute pas», juge Ismaël Righi, directeur adjoint à la lutte contre la radicalisation. Le dessein est en revanche d'«insuffler chez elles un doute sur leur croyance et sur ce qu'on a pu leur faire croire».

Aussi, le passage dans ces QPR est d'une durée de six mois, renouvelable, sachant que les premiers bilans des QPR chez les hommes montrent que ce travail de «désengagement» doit généralement durer 18 mois pour porter ses fruits, avant le retour en détention ordinaire.

Un surveillant de la prison de Rennes JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Selon la sociologue Géraldine Casutt, chercheuse à l'université de Fribourg (Suisse) et spécialiste des questions du djihadisme féminin, «le fait qu'une politique pénale se mette en place pour les femmes montre qu'il y a une prise de conscience de l'importance des femmes dans la place djihadiste», dans une opinion désormais marquée par l'attentat manqué près de Notre-Dame par un commando de femmes djihadistes en 2016.

«On a longtemps voulu les considérer avant tout comme des victimes de cette radicalisation, finalement c'était toujours des “radicalisations accidentelles”, car elles sont tombées amoureuses ou se sont fait manipuler, sans jamais être vraiment perçues comme actrices de cet engagement djihadiste», note-t-elle.


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66 commentaires
  • michel levoye

    le

    " du sport, des actions sur le désengagement de la violence, un travail sur l'estime de soi et sur la place de la femme en société ou la venue d'une vice-championne paralympique."
    Angélisme, quand tu nous tiens.....

  • JEAN-LUC 732

    le

    Il faudrait des méthodes plus radicales puisqu'elles sont radicalisées. L'Égypte semble avoir de bonnes idées dans le domaine. Et c'est un pays de l'oumma.

  • bouvreuil10

    le

    C'est désolant mais chaque fois que je prenais le train pour la Bretagne, je tombais toujours sur une bretonne convertie. Donc rien d'étonnant que la Bretagne tombe à son tour dans les problèmes du reste de la France. Fallait pas voter socialiste

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