Les rhinocéros de plus en plus menacés par le braconnage en Afrique du Sud

Les rhinocéros de plus en plus menacés par le braconnage en Afrique du Sud

Malgré tous les moyens mis en oeuvre pour enrayer le braconnage, ...
Un rhinocéros à la corne coupée suivi de son petit
Un rhinocéros à la corne coupée suivi de son petit - Stéphane de Sakutin AFP
© 2014 AFP

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Malgré tous les moyens mis en oeuvre pour enrayer le braconnage, le massacre des rhinocéros se poursuit à un rythme «horrifiant» en Afrique du Sud, faisant craindre pour la survie de l'espèce et obligeant les autorités à déménager une partie d'entre eux.

Dans son dernier bilan jeudi, le ministère sud-africain de l'Environnement a indiqué que le barre du millier d'animaux abattus depuis le début de l'année avait été franchie. A 1.020 rhinocéros tués au 20 novembre, c'est déjà plus que pour l'ensemble de 2013.

Les records sont tristement battus tous les ans depuis que les braconniers s'intéressent à ces pacifiques pachydermes qui ont le malheur d'avoir une corne proéminente, affublées de vertus miraculeuses en Asie. Les autorités ont dénombré 13 cas en 2007, 33 en 2008, 122 en 2009, 333 en 2010, 448 en 2011, 668 en 2012, 1.004 en 2013...

Or, l'Afrique du Sud abrite les trois quarts de la population mondiale de rhinocéros, environ 20.000 individus.

«Que ce soit ce mois-ci, le mois prochain ou au début 2015, on arrive vraiment au moment où les projections montrent que la mortalité va être supérieure aux naissances», constate Cathy Dean, directrice de l'ONG Save the Rhino.

«Les rhinocéros se reproduisent plutôt lentement, ils n'ont qu'un petit tous les deux ans et demi à trois ans», note-t-elle. La population augmente normalement de 5% par an environ, mais le rythme de leur reproduction dépend aussi de facteurs extérieurs tels que le stress.

Se vendant à prix d'or au marché noir, la corne du rhinocéros est prisée en Asie, particulièrement au Vietnam, où adeptes de médecine traditionnelle et nouveaux riches les consomment en cocktails. Elle n'est pourtant composée que de kératine, comme les ongles humains.

«Le massacre en cours des rhinocéros pour leur corne fait partie d'un trafic mondial de faune sauvage de plusieurs milliards de dollars et répondre à ce fléau n'est pas simple», indique pudiquement le ministère sud-africain.

- «Larmes de rhino» -

Le porte-parole de l'agence des parcs nationaux SANParks, Isaac Phaahla, qualifie les derniers chiffres d'«horrifiants». «Nous pensons qu'ils auraient pu être bien pires sans nos interventions anti-braconnage actuelles», assure-t-il, refusant de s'avouer vaincu.

Les visiteurs du célèbre parc national Kruger (nord-est) peuvent désormais tomber nez à nez avec des soldats, déployés pour patrouiller avec les rangers, dans cette réserve presque aussi grande que la Belgique, frontalière du Mozambique d'où viennent la plupart des braconniers.

C'est dans ce parc qui abriterait environ 9.000 rhinocéros selon le dernier recensement que l'on déplore les deux tiers des victimes et le ministère de l'Environnement a commencé à évacuer plusieurs centaines d'individus vers des habitats moins exposés, et tenus secrets.

Ailleurs dans le pays, les propriétaires de réserves privées n'osent plus promouvoir leurs rhinocéros auprès des visiteurs, de peur de les retrouver morts au détour d'une promenade.

Pour éviter d'être repérés, les braconniers utilisent souvent des anesthésiants et non des armes à feu pour immobiliser les rhinocéros. Puis ils les décornent à la hache, encore vivants. L'animal se réveille ensuite et meurt d'une longue agonie des suites de sa blessure.

En Afrique du Sud, le combat pour la survie de ces gros herbivores est devenu une cause nationale.

Des concessionnaires automobiles font des dons à SANParks pour tout véhicule acheté. Une viticultrice du Cap a lancée les «Larmes de rhino» (Rhino Tears), une cuvée dont les bénéfices doivent aller à la lutte anti-braconnage. On voit aussi en ville des cornes de rhino en plastique rouge à l'avant des voitures, preuve que leurs propriétaires ont fait un geste.

Pretoria, qui fait des efforts de répression, envisage maintenant de plaider pour que le commerce des cornes redevienne légal, afin de décourager les trafiquants. Les propriétaires de réserves privées préfèreraient d'ailleurs couper et commercialiser eux-mêmes les cornes --qui repoussent, tout comme les ongles--, plutôt que de perdre des bêtes.

En Namibie, les autorités ont décidé de décorner préventivement les animaux.

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