Des patrouilleurs citoyens pour protéger les forêts cambodgiennes

Des patrouilleurs citoyens pour protéger les forêts cambodgiennes

Frustrés par l'inaction du pouvoir cambodgien, des patrouilleurs-citoyens en colère après le meurtre du plus célèbre d'entre eux risquent leur vie pour lutter contre le trafic de bois qui décime les forêts du pays.
Frustrés par l'inaction du pouvoir cambodgien, des patrouilleurs-citoyens en colère après le meurtre du plus célèbre d'entre eux risquent leur vie pour lutter contre le trafic de bois qui décime les forêts du pays.
Frustrés par l'inaction du pouvoir cambodgien, des patrouilleurs-citoyens en colère après le meurtre du plus célèbre d'entre eux risquent leur vie pour lutter contre le trafic de bois qui décime les forêts du pays. - Tang Chhin Sothy afp.com
© 2012 AFP

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Frustrés par l'inaction du pouvoir cambodgien, des patrouilleurs-citoyens en colère après le meurtre du plus célèbre d'entre eux risquent leur vie pour lutter contre le trafic de bois qui décime les forêts du pays.


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Chhut Vuthy a été abattu par un agent de la police militaire le mois dernier alors qu'il collectait des preuves sur l'exploitation forestière illégale, jetant une lumière peu flatteuse sur la politique de protection de l'environnement du gouvernement de Phnom Penh.

Les villageois qui dépendent des forêts pour survivre ont depuis décidé que les patrouilles forestières créées l'an dernier par le militant ne mourraient pas avec lui.

"Nous sommes tous des Chhut Vuthy", ont lancé ses partisans lors d'un récent rassemblement en son hommage, dans la forêt reculée de la province de Koh Kong, où il a été abattu.

L'exploitation forestière illégale a accéléré la réduction dramatique des forêts cambodgiennes, qui ne couvraient plus que 57% du territoire en 2010, contre 73% en 1990, selon l'ONU.

"Nous devons protéger la forêt avant qu'elle ne disparaisse. La forêt est notre bol de riz", proteste Chan Yeng, 58 ans, militante et patrouilleuse.

Après avoir parlé aux trafiquants, collecté des preuves de leurs activités et les avoir empêchés de profiter des bénéfices du bois, elle affirme avoir constaté une baisse des crimes liés à l'exploitation de la forêt ces derniers mois à Prey Lang (nord-est), où elle réside.

Du vivant de Vuthy, des patrouilleurs avaient même brûlé des caches de bois rares valant des dizaines de milliers de dollars.

Lors de ce qui sera leur action coordonnée la plus importante, des centaines de villageois ont prévu d'arpenter les forêts de dix provinces en juin. Une opération risquée, mais que les militants sont prêts à mener pour sauver leurs forêts.

"Etant donné l'inaction du gouvernement ou son incapacité à mettre fin à l'exploitation forestière illégale et à arrêter à la déforestation, je pense que c'est maintenant à la population cambodgienne de faire quelque chose", relève Ou Virak, président du Centre cambodgien pour les droits de l'Homme.

Le porte-parole du gouvernement, Ek Tha, a pour sa part salué ces initiatives citoyennes, mais sans y voir le signe d'un échec des autorités. "Vous ne pouvez pas contrôler 100% des ressources naturelles à travers le pays", a-t-il expliqué.

Le gouvernement a pourtant été très critiqué pour avoir autorisé des entreprises proches du pouvoir à détruire des centaines de milliers d'hectares de forêts, y compris dans des zones protégées, pour planter hévéas et cannes à sucre ou pour construire des barrages.

Les groupes de défense de l'environnement ont lié ces concessions au trafic de bois, et accusé l'armée de protéger les entreprises.

Après la mort de Vuthy, le Premier ministre Hun Sen a suspendu l'attribution de nouvelles concessions. Mais les forêts sont toujours en danger, soulignent les défenseurs de l'environnement.

Dans la réserve naturelle d'Aoral (sud-ouest), un moine bouddhiste a depuis longtemps emboîté le pas au célèbre militant. Prum Dharmajat, 41 ans, a passé les dix dernières années à protéger les quelques kilomètres carrés de terre autour de sa cabane.

Les arbres les plus rares ont déjà disparu, mais Dharmajat, dont le nom signifie "nature", essaie d'empêcher l'abattage de ceux qui restent pour le chauffage ou le charbon de bois. "La destruction de la nature avance trop vite", déplore-t-il.

Même pour des moines, immensément respectés dans un pays bouddhiste, se tenir entre un bûcheron et son butin n'est pourtant pas une sinécure. Dharmajat raconte avoir été menacé plusieurs fois. Et au retour d'une récente visite à Phnom Penh, il a retrouvé plusieurs arbres abattus et onze paons empoisonnés.

Une vengeance, selon lui, des trafiquants.

Et si le religieux n'a pas l'intention d'abandonner, il s'inquiète pour la sécurité des patrouilleurs et les invite à éviter l'affrontement. "Nous devons trouver une solution, pour que le sang ne coule pas".

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