La ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem à Ajaccio, le 17 février 2015

La ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem à Ajaccio, le 17 février 2015

afp.com/Pascal Pochard-Casabianca

Avec les Ival, des statistiques établies depuis une vingtaine d'années, le ministère de l'Éducation nationale essaye de faire ressortir la "valeur ajoutée" d'un lycée: fait-il mieux que les établissements comparables, proposant les mêmes filières ou spécialités et accueillant des lycéens de mêmes origines' S'agit-il d'un lycée "accompagnateur", gardant un maximum d'élèves jusqu'au bout, luttant ainsi contre le décrochage'

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Les Ival 2014, portant sur 2.300 lycées généraux et technologiques et 2.040 lycées professionnels publics comme privés, sont consultables à partir de 10H00 mercredi sur www.education.gouv.fr/cid3014/les-indicateurs-resultats-des-lycees.html.

"Un taux de réussite au baccalauréat ne suffit pas à décrire la performance d'un lycée", explique Catherine Moisan, directrice de la DEPP, la direction statistique du ministère. Un établissement prestigieux de centre-ville qui sélectionne ses élèves affichera forcément un meilleur taux qu'un lycée de banlieue défavorisé. Un établissement dont la majorité des élèves a déjà réussi au brevet aura "moins de chemin" à leur faire parcourir pour décrocher le bac, que dans le cas inverse.

Le ministère se défend d'établir un classement avec ces tableaux de milliers de lignes, mais chaque année plusieurs médias en retirent des palmarès selon leurs critères, dont les résultats diffèrent.

L'année dernière, 142.870 visiteurs ont consulté les Ival sur le site du ministère.

- "Quelque chose de réel derrière" -

"Si c'est juste pour trier les lycées, ça n'a aucun intérêt, mais si c'est pour permettre aux lycées d'améliorer le service qu'ils peuvent rendre aux élèves", ça peut être intéressant, estime Paul Raoult, président de la fédération de parents d'élèves FCPE.

Les recteurs s'en servent "pour piloter, valoriser des lycées, essayer de comprendre ce qui se passe dans ceux qui réussissent et chercher aussi ceux du bas du tableau", explique Mme Moisan.

A Martigues, dans l'académie d'Aix-Marseille, le lycée professionnel Jean Lurçat a atteint en 2014 un taux de réussite au baccalauréat de 76%, 11 points de plus que les lycées comparables. La probabilité qu'un élève entré en seconde y décroche le bac pro atteint 57%, soit une valeur ajoutée de 13 points.

Le proviseur Pierre Wachowiak souligne une "assimilation" dans cet établissement, où se croisent lycéens généraux, technologiques et professionnels. Les élèves professionnels bénéficient de petits effectifs et d'une équipe pédagogique stable et expérimentée, qui assure un accompagnement individuel quand des élèves sont en difficulté, explique-t-il.

Ce lycée a aussi tissé des partenariats avec les industries locales ou des services municipaux. L'année dernière, en chaudronnerie, les élèves ont par exemple confectionné des moules métalliques qui ont servi à la mairie et au port de Martigues pour faire des blocs de béton qu'on plonge au fond de l'eau pour ancrer les bateaux. "Les élèves ont une formation dans laquelle il y a un sens, ce qu'on fait ne part pas à la poubelle, ça répond à un besoin, c'est vendu. On apprend un métier en voyant qu'il y a quelque chose de réel derrière", souligne-t-il.

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