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Second tour des départementales: quelle défaite pour la gauche ?

Temps de lecture: 4 min

Les électeurs retournent aux urnes ce dimanche pour le second tour des élections départementales où la gauche pourrait abandonner de 20 à 40 départements à la droite, le Front national espérant de son côté en gagner un ou deux.

Plus de 40 millions d'électeurs sont convoqués aux urnes. Les bureaux de vote ont ouvert à 8H00 en métropole et le seront jusque 18H00, voire 19H00 dans des villes moyennes (Brest, Dijon, Chambéry, Toulon...) et même 20H00 à Bordeaux, Marseille, Nantes, Toulouse et en région parisienne.

A La Réunion et à Mayotte, les bureaux de vote sont ouverts depuis, respectivement, 06H00 et 07H00 (heure de Paris). A La Réunion, 23 des 25 cantons sont encore à pourvoir. Nassimah Dindar, la présidente sortante UDI du conseil général, a été élue dès le premier tour.

Au total, 149 cantons ayant été pourvus dès dimanche dernier, le scrutin n'en concerne plus que 1.905 sur 2.054. La droite aligne 1.602 binômes (homme/femme), la gauche 1.334 et le Front national 1.107. Ces binômes s'affronteront dans 1.614 duels et 278 triangulaires.

Après un premier tour marqué par une abstention importante (49,83%), quoiqu'un peu plus faible qu'attendu, la gauche table sur un sursaut de ses électeurs pour éviter une débâcle, à savoir la perte de plus de la moitié des 61 départements qu'elle administre.

"Je vote toujours. Je trouve que c'est très important quelles que soient les circonstances. Je suis de la vieille école, j'ai été élevé comme ça", a déclaré Philippe, un ancien professeur d'histoire-géo et d'éducation civique interrogé à la sortie d'un bureau de vote de Strasbourg.

"Je n'irai pas voter parce que cette élection ne change rien a ma vie. Depuis la présidentielle de 2012 c'est comme ça", a souligné de son côté Sébastien, 38 ans, salarié de la publicité interrogé dans une rue du centre ville.

Dimanche dernier, l'alliance UMP-UDI a "fait le trou", totalisant 28,7% des suffrages contre 21,5% aux binômes comptant au moins un socialiste.

Non seulement quelque 520 binômes du PS ou soutenus par lui ont été éliminés au premier tour - souvent en raison des divisions de la gauche - mais la droite a viré en tête dans le plus grand nombre de cantons, prenant une option sur la victoire finale.

Après la vague bleue des municipales, la droite ambitionne notamment de conquérir les Bouches-du-Rhône, détenues par le PS depuis plusieurs décennies, l'Isère, les Pyrénées-Orientales, sans compter la très symbolique Corrèze, terre d'élection de François Hollande.

- Le FN vise le Vaucluse -

De son côté, avec 25,2% des voix, le FN ne pouvait certes pas clamer qu'il était le "premier parti de France" mais sa progression de dix points par rapport aux cantonales de 2011 lui a permis de virer en tête dans 43 départements et de confirmer son enracinement sur tout le territoire.

Le FN, qui compte déjà huit élus, peut en espérer plusieurs dizaines d'autres, notamment avec le jeu de triangulaires. Là où elle était devancée par la gauche, l'UMP s'est en effet maintenue dans l'écrasante majorité des cas en vertu de son "ni-ni" (ni FN, ni PS) en dépit de l'indignation de Manuel Valls, accusant Nicolas Sarkozy de "courir derrière le FN" dans un entre-deux tours qui a viré au duel verbal à distance entre les deux hommes.

Le FN peut espérer la victoire dans le Vaucluse, terre élective de Marion Maréchal-Le Pen où le parti d'extrême droite est arrivé en tête dans 11 des 17 cantons. Les ambitions de l'extrême droite se portent également sur l'Aisne, voire le Pas-de-Calais et le Gard.

Dans ces départements notamment, il est possible que ni FN, ni droite, ni gauche n'aient de majorité absolue en sièges, rendant très ouverte l'élection du président du conseil départemental, qui aura lieu jeudi.

Le Parti communiste espère de son côté sauver ses deux derniers départements, Val-de-Marne et Allier, convoités par la droite.

Les conseils départementaux gèrent un budget de 70 milliards d'euros, des aides sociales à l'entretien des routes et des collèges en passant par le développement économique.

François Hollande a voté dans la matinée à Tulle mais sans s'attarder puisqu'il est attendu dans l'après-midi à Tunis pour une marche contre le terrorisme, dix jours après l'attentat contre le musée du Bardo.

Contrairement aux municipales, où il avait dû se séparer de Jean-Marc Ayrault, le chef de l'Etat n'entend pas cette fois-ci tirer de fortes conséquences politiques. "On ne peut pas remanier à chaque défaite", ironise un de ses proches.

Un remaniement, qui ferait entrer au gouvernement écologistes et frondeurs afin de ressouder la gauche en vue des régionales de décembre et de la présidentielle, semble donc exclu dans l'immédiat d'autant que le président, convaincu d'une prochaine embellie économique, n'entend pas changer le "cap" de sa politique.

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