La présidente du FN, Marine Le Pen, le 29 mars 2015 à Nanterre

La présidente du FN, Marine Le Pen, le 29 mars 2015 à Nanterre

afp.com/Miguel Medina

Intervenant après Manuel Valls et Nicolas Sarkozy, la présidente du parti, Marine Le Pen, visiblement déçue, a tenté de faire bonne figure, évoquant un "magnifique succès" du FN malgré "beaucoup de handicaps: un seul élu sortant, une implantation locale parcellaire et un mode de scrutin" défavorable.

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Prudente pendant toute la campagne et parlant d'un succès éventuel dans un département comme "la cerise sur le gâteau", elle a lâché dans l'entre-deux-tours que le gain du Vaucluse et de l'Aisne étaient des "hypothèses crédibles".

La présidente du FN peut nourrir des regrets. Défaite symbolique: le seul conseiller général FN sortant, Laurent Lopez, à Brignoles (Var), a été défait.

"Il y a une grosse progression en voix et en pourcentage, mais une absence de résultats en terme de départements", notait, manifestement insatisfait, un proche de Mme Le Pen avant 20H00.

Celle-ci a toutefois relevé plusieurs points positifs dans ces résultats: en moyenne, d'après elle, ses candidats obtiennent "aux alentours de 40%" des suffrages là où ils sont présents. Dans nombre de cantons, en effet, les candidats FN, présents dans 834 duels et dans 273 triangulaires, échouent sur le fil.

Surtout, la patronne du FN estime que le succès de ses candidats traduit "l'installation du FN comme force politique puissante dans de nombreux territoires". Pour elle, "c'est le socle des grandes victoires de demain", régionales 2015 et présidentielle 2017 en tête.

Dimanche, le FN a gagné 22 duels - 19 contre la gauche et trois contre la droite - et cinq triangulaires, selon un décompte établi par l'AFP. Soit 54 sièges qui viennent s'ajouter aux 8 remportés dès le 1er tour.

Pour un membre du bureau exécutif du FN, si "l'ancrage local est encore modeste", "déjà ça pèse, car en 2012, il manquait des relais locaux". Les 62 conseillers départementaux FN viendront s'ajouter aux plus de 1.500 conseillers municipaux glanés l'an dernier.

- Implantation locale croissante -

Le FN va pouvoir maudire le scrutin majoritaire, qui l'empêche de transformer son niveau électoral très élevé (25,24% au premier tour, record historique du parti d'extrême droite) en sièges et en départements.

A défaut d'acquérir des certitudes pour la présidentielle, qui se déroule sur le même mode de scrutin, le FN prend date pour les régionales de décembre, où la proportionnelle devrait mieux refléter le tripartisme qui s'installe en France.

"Les régionales devraient amplifier le résultat frontiste de ce soir", confirme Jean-Yves Camus, qui dirige l'Observatoire des radicalités politiques (ORAP) à la Fondation Jean Jaurès. "Les départementales sont le scrutin le plus défavorable au FN depuis que ce parti existe, en raison de la nécessité d'une sorte de notabilité locale, et du mode de scrutin", rappelle-t-il.

Avant même le second tour de dimanche, Marine Le Pen a déjà mis le cap sur décembre en faisant, cette fois-ci, des pronostics: quatre voire cinq régions, assure-t-elle, peuvent basculer pour le FN.

Après la campagne virulente de Manuel Valls contre le FN pendant ces départementales, Mme Le Pen a vu dans ce scrutin une nouvelle illustration que son parti était le "seul mouvement d'opposition véritable au pouvoir en place".

Signe de cette stratégie, dans son intervention comme pendant toute cette campagne des départementales, l'UMP, pourtant grand vainqueur de ce scrutin, a tenu la portion congrue dans les propos de Mme Le Pen.

Elle a également vu dans ce scrutin la marque de la "réalité indiscutable" de "l'UMPS". Un slogan qui devrait fleurir sur les lèvres des ténors du parti d'ici à jeudi, jour de l'élection à la présidence des départements: le FN devrait disposer, par exemple dans le Vaucluse, d'une minorité de blocage. Gauche et droite républicaine pourraient être contraints à une alliance pour diriger un exécutif. A moins que la charte départementale que doit dévoiler le FN en vue d'éventuelles alliances ne crée des dissidences.

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