La BCE amorce à nouveau la pompe à crédit pour les banques
Au total, les banques auront la possibilité d'emprunter jusqu'à 400 milliards d'euros dès cette année au moyen de ces deux opérations, puis 600 milliards dans le cadre de six autres TLTRO proposés entre mars 2015 et juin 2016.
- Publié le 16-09-2014 à 07h32
La Banque centrale européenne (BCE) donnera jeudi le coup d'envoi d'une nouvelle vague de prêts extrêmement avantageux pour les banques de la zone euro, dans l'espoir, sans doute un peu vain, que celles-ci financent plus généreusement l'économie.
L'institution monétaire de Francfort doit annoncer jeudi à 09H15 GMT le résultat d'une première allocation de prêts baptisés TLTRO (Targeted Long-Term Refinancing Operations), qui sera suivie d'un deuxième tour le 11 décembre.
Au total, les banques auront la possibilité d'emprunter jusqu'à 400 milliards d'euros dès cette année au moyen de ces deux opérations, puis 600 milliards dans le cadre de six autres TLTRO proposés entre mars 2015 et juin 2016.
Ces crédits sont censés encourager les banques à prêter davantage aux entreprises et ménages, et permettre par ricochet de faire repartir la machine économique au point mort en Europe.
Mais le programme "est peu susceptible de relancer les crédits bancaires dans le sud de l'Europe", préviennent les experts de l'agence de notation Fitch, tant "l'appétit des banques pour prêter et la demande de crédit restent atones".
Les prêts TLTRO, d'une durée de quatre ans pour les deux premiers, s'annoncent pourant très bon marché puisque leur coût sera calculé en fonction du principal taux directeur de la BCE, actuellement à un plus bas historique de 0,05%.
Selon les calculs de la BCE, la demande des banques pour l'ensemble des huit prêts devrait osciller entre 450 et 850 milliards d'euros, avait indiqué début août son président Mario Draghi.
La banque centrale n'en est pas à son coup d'essai: deux prêts géants de long terme (LTRO) avaient déjà été accordés fin 2011 et début 2012. Mais ils avaient déçu: certes ils ont permis d'aider les banques, dans un marché soupçonneux où elles étaient réticentes à se prêter entre elles, mais les entreprises n'ont pas ou très peu vu la couleur de cet argent.
Cette fois-ci, les TLTRO seront assujettis à la condition expresse que les banquiers prêtent à l'économie réelle. Les banques qui ne pourront pas prouver qu'elles ont délié les cordons de leur bourse en faveur d'entreprises et ménages devront rembourser plus tôt, à savoir dès l'automne 2016. Aucune autre pénalité n'est toutefois prévue.
Décidée à frapper fort, la BCE a par ailleurs annoncé début septembre que ce dispositif serait complété par le rachat à partir du mois d'octobre d'un large portefeuille d'ABS, produits financiers adossés à des prêts bancaires, dont le marché est tombé en sommeil depuis la crise financière de 2008.
Pas sûr que les banques répondent présentes jeudi, estiment les analystes.
"Nous nous attendons à ce que la demande (pour le premier TLTRO, ndlr) soit plutôt décevante, aux alentours de 100 milliards d'euros", pronostiquent ceux de la banque allemande Commerzbank.
"En raison de la détérioration des perspectives économiques, les banques risquent de réduire leurs prévisions concernant la demande du secteur privé" et "vont également avoir moins besoin de liquidité des banques centrales", selon eux.
Les experts de la banque italienne UniCredit estiment eux que "les TLTRO vont aider à la marge, mais ils ont peu de chance de changer complètement la donne", dans une zone euro où l'économie n'arrive pas à redresser la tête.
Au deuxième trimestre, le Produit intérieur brut (PIB) de la zone a stagné, tandis que l'inflation n'en finit pas de ralentir. A 0,3% en août, elle est très loin de l'objectif de la BCE de maintenir une hausse des prix légèrement inférieure à 2% à moyen terme.
Pour UniCredit, "une faible souscription (des prêts TLTRO) devrait rapidement alimenter les spéculations sur le fait que la BCE va devoir racheter en dernier ressort des obligations souveraines", l'une des dernières armes à sa disposition.