Sarkozy? "Ma grand-mère brûle des cierges pour qu'il revienne"

Dans son ancien fief de Neuilly, le retour attendu de Nicolas Sarkozy en politique est largement plébiscité, mais certains doutent de sa légitimité ou de ses chances de réussite en 2017.

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Sarkozy? "Ma grand-mère brûle des cierges pour qu'il revienne"
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"Ma grand-mère brûle des cierges pour qu'il revienne. Moi, je ne sais pas si c'est le meilleur cheval". Dans son ancien fief de Neuilly, le retour attendu de Nicolas Sarkozy en politique est largement plébiscité, mais certains doutent de sa légitimité ou de ses chances de réussite en 2017.

Neuilly-sur Seine, ses immeubles cossus entre l'Arc de Triomphe et les tours de la Défense, ses hôtels particuliers qui abritent certaines des plus grosses fortunes de France, ses écoles prestigieuses et ses réseaux influents, vivier de la future élite du pays. Ici, les scores de Nicolas Sarkozy, maire de la ville de 1983 à 2002, sont sans appel. Près de 87% au second tour de la présidentielle de 2007, plus de 84% face à François Hollande en 2012.

Dans les allées du marché, on n'a "jamais douté" du retour de "la bête politique". "Le seul", "le plus capable", "le plus compétent pour redresser l'UMP et la France" s'enthousiasme Sylvie, une maraîchère qui "n'a jamais eu sa langue dans sa poche en politique".

Sentiment partagé par les jeunes sympathisants UMP de la commune pour qui Nicolas Sarkozy est "au-dessus de la mêlée". "Il a pris de la hauteur depuis deux ans, en évitant de se mouiller dans la sinistre guerre Copé/Fillon", relève Robin, 20 ans, jean, blazer bleu et petites lunettes dorées.

"Il est celui qui peut rassembler. Regardez les soutiens qu'il engrange", ajoute-t-il, en allusion aux récents ralliements de François Baroin et d'Eric Woerth, réputés proches de François Fillon, à une candidature de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP.

Sort-il du bois trop tôt?

Sur la place de l'Hôtel de ville, où l'ancien chef de l?État fit ses premières armes en politique, on juge souvent avec indulgence ses démêlés judiciaires. "Il va être blanchi, il a les mains propres, sinon vous croyez qu'il serait assez fou pour revenir", balaye Frédéric, un jeune chef d'entreprise tout juste revenu d'un long séjour aux Etats-Unis.

Mais "attention au séisme", avertit Joël Garon, policier municipal à la retraite, s'il était renvoyé devant un tribunal après s'être déclaré à la présidentielle. "Sarkozy souffre d'un manque de légitimité avec toutes ses casseroles qui s'accumulent contre lui. Je préfèrerai un candidat plus lisse à droite. D'autres pourraient avoir plus de chances pour 2017", renchérit Christine, employée à La Poste.

Certains Neuilléens souhaitent aussi "du sang neuf" pour mener le combat. Or, "Sarkozy va continuer à faire du Sarkozy. Il utilise le même discours, celui de la rupture du 'j'ai changé'", estime Lucie, une mère au foyer qui a voté pour lui aux deux dernières présidentielles, mais veut "autre chose maintenant".

Parmi les fervents soutiens de l'ancien chef de l'État, des voix remettent aussi en cause sa stratégie et estiment qu'"il sort trop tôt du bois". Vouloir dès aujourd'hui la tête de l'UMP pourrait être "une erreur" car le parti reste "trop éclaboussé par les scandales", comme l'affaire Bygmalion qui va ressurgir tôt ou tard à la Une des médias, estime François, 23 ans.

Pour ce futur ingénieur en aéronautique, responsable des jeunes actifs UMP de la commune, Nicolas Sarkozy "devrait rester dans l'ombre un peu plus longtemps, le temps de peaufiner son programme".

"Son programme?" rétorque Marie Brannens, seule élue de gauche au conseil municipal. "Neuilly n'a jamais voté pour ça, mais pour l'homme, l'enfant du pays, le copain qui a su nouer de solides amitiés depuis trente ans".

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