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Un mois et demi après le suicide du juge Jean-Michel Lambert, son dernier roman intitulé Témoins à charge paraît ce jeudi 24 août (éditions De Borée). L'histoire, qui mêle haines, secrets de famille, mensonges, erreurs judiciaires et suicides, recèle de troublants parallèles avec la vie et la mort de l'ex-juge d'instruction de l'affaire Grégory, qui l'aura hanté toute son existence. Dans ce onzième ouvrage du juge Lambert, retrouvé mort à son domicile le 11 juillet, peu après un énième rebondissement dans l'enquête sur la mort du petit Grégory le 16 octobre 1984, un des personnages ressemble trait pour trait à l'auteur. Un sexagénaire aux épais cheveux blancs, regard bleu derrière des lunettes à fine monture. Surtout, ce notable, le professeur Chabert, se suicide, « pour sauver son honneur », de la même façon que le juge Lambert, « la tête recouverte d'un sac plastique ». Un autre protagoniste de l'histoire se donne la mort.
Dès le début de ce thriller judiciaire à paraître jeudi chez De Borée (groupe Centre France), une jeune fille, Marilynda, revient sur son témoignage qui accablait son beau-père et l'avait envoyé en prison. Impossible de ne pas penser à Murielle Bolle, témoin-clé de l'affaire Grégory, qui, adolescente, avait dénoncé son beau-frère en 1984, avant de se rétracter. Elle a été mise en examen fin juin pour enlèvement. L'intrigue de ce roman à l'atmosphère balzacienne se déroule au Mans, où vivait le juge Lambert. On y retrouve des âmes noires, un coupable idéal, Kévin Brozniak, inculpé pour la deuxième fois de double assassinat, les errements de la justice entre erreurs et doutes, des haines familiales, écho de celles de la Vologne.
En 2014, il dénonçait l'échec de la justice
« Un testament ? Je ne sais pas. Mais avec le recul, la description du suicide est troublante, comme ses mots lors de notre dernière rencontre : “Si ça devait recommencer, je n'aurais peut-être pas le courage.” C'était quelques semaines avant sa mort », explique à l'Agence France-Presse Éric Yung, conseiller éditorial de De Borée, qui connaissait Jean-Michel Lambert depuis de longues années.
Dans sa lettre d'adieu adressée à L' Est républicain, publiée le 19 juillet par le quotidien régional, le juge Lambert expliquait « ne plus avoir la force de [se] battre ». Quand il était venu présenter le manuscrit de Témoins à charge, « il m'avait aussi beaucoup parlé de sa reconstruction, grâce à sa femme, ses enfants, au sport et à la littérature. Il écrivait tous les jours. C'était son activité principale », ajoute Éric Yung. Lauréat du prix Polar à Cognac en 2001 pour Purgatoire, Jean-Michel Lambert avait aussi publié en 1987 Le Petit Juge et, en 2014, De combien d'injustices suis-je coupable ?, livre dans lequel, trente ans après l'affaire Grégory, il dénonçait l'échec de la justice.
Combien de juges Lambert travaillent à rendre la justice dans notre pays et dont très peu ont la conscience du juge Lambert de leur incapacité ou de leur incompétence ? C'est cela qui fait froid dans le dos quand on sait leur pouvoir sur nos vies et dont il n'hésitent pas à se servir.
Votre jugement m'effraie : j'espère que vous n'êtes pas juge !
Pour que la vérité soit un jour connue - ce qui parait peu probable. Toutes fois ses livres, ses interviews, son suicide et la lettre de motivation - vont peut être ralentir ou même empêcher la nouvelle phase récente du dossier. Phase qui ressemble à une tentative de l'administration (gendarmerie et justice) de se laver de tout soupçon de dysfonctionnement gravissime.