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Découvrir les talents : La « data » au service des recruteurs


Le football n'a pas échappé à cette offensive des "stats", devenues très utiles pour le recrutement (Photo : AFP)

Vous connaissez Moneyball? Ce film, sorti en 2011, est une référence pour saisir la place des statistiques dans le sport. Brad Pitt joue Billy Beane, qui, à la tête d’une faible équipe de baseball, systématise avec succès le recours à la « data » dans le recrutement comme à l’entraînement.

Au-delà du film de Bennett Miller, « Le Stratège » en version française, le football n’a pas échappé à cette offensive des « stats », devenues très utiles pour le recrutement.

Fondateur de l’entreprise prestataire de statistiques Prozone, Thomas Schmider détaille: « dans un premier temps, l’analyse statistique portait sur sa propre équipe, sur ses performances et la manière de les améliorer. Ensuite, les statistiques ont été proposées pour aider à l’analyse de l’adversaire, via des analyses vidéos et statistiques. Et c’est dans une troisième phase qu’on a commencé à toucher le recrutement. »

Les clubs anglais sont particulièrement avancés en la matière, et Manchester City ou Liverpool comptent ainsi une dizaine de personnes dédiées à l’analyse de « stats » pour le recrutement. Ce sont les « technical scouts » qui, pendant que les scouts classiques sillonnent les stades, scrutent les banques de données.

C’est par exemple grâce à ses statistiques défensives que le petit milieu français N’Golo Kanté a été repéré par Leicester quand il jouait à Caen. Deux saisons plus tard, il est double champion d’Angleterre en titre, avec les Foxes puis avec Chelsea.

« Approche scientifique »

Francesco Vallone, coordinateur du scouting au sein de la direction sportive de l’AS Rome, explique: « au-delà de l’analyse qualitative et subjective de chaque joueur, on a une analyse statistique et quantitative qui très souvent permet de mieux appréhender la progression et les caractéristiques objectives de tel ou tel joueur ».

Pour Damien Comolli, ancien directeur sportif de Saint-Etienne et Liverpool et aujourd’hui consultant pour RMC Sport, « avoir une approche scientifique du recrutement aide à réduire le pourcentage d’échec ».

Ces outils « ont changé le rapport au temps » dans le recrutement, estime Vallone. « Aujourd’hui, tous ces systèmes permettent à tout le monde de regarder tout le monde, partout dans le monde. Cela augmente la concurrence et c’est pour ça qu’il faut avoir la meilleure organisation possible pour arriver le premier ».

Pour les entreprises spécialisées comme pour les clubs – en 2012, Arsenal a déboursé 4 millions de dollars selon le New York Times pour acheter une société de données, StatDNA – , c’est la « course à l’armement », pour décrypter « plus de ligues, plus de matches, plus de stats », explique Schmider. Son entreprise a ainsi été rachetée en 2015 par Stats, entité américaine.

Comme dans Football Manager

Certaines écuries vont même jusqu’à lorgner du côté… des jeux vidéos. « Plusieurs top clubs mondiaux utilisent la base de données de Football Manager dans le cadre de leurs opérations de scouting », affirme ainsi un porte-parole de SI Games, développeur du jeu bien connu.

Cette simulation propose de gérer son club, en mode hyper-réaliste: Budgets à équilibrer, blessures de joueurs clés, défaites surprises… Et surtout une base de données – recensant plus de 350.000 joueurs, avec leurs points forts, faiblesses, état d’esprit, etc – « une des plus vastes dans le monde », construite peu à peu grâce à un « réseau de recherche de plus de 1.300 scouts », poursuit SI.

« On ne prétend pas avoir la base de données parfaite, on est humains », explique l’un d’eux, Benjamin, ‘head researcher’ pour le jeu en France. Chargé du suivi de la Ligue 1 et de la Ligue 2, il doit « donner une estimation du potentiel du joueur » qui détermine sa marge de progression dans le jeu.

Comment? « On se renseigne comme on peut, en suivant les matches à la télé, en s’entretenant avec un réseau de correspondants, mais aussi en consultant les forums de supporters, des articles de presse », expose Ludovic, qui suit les matches des… divisions régionales en France, c’est-à-dire la quatrième division et en-dessous.

Les deux hommes le font à titre bénévole, sur leur temps libre. « Plus la base de données est fiable, plus tu prends de plaisir à jouer », explique Benjamin. Et plus elle intéresse les clubs.

Le Quotidien/ AFP

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