"Désarmement" d'ETA samedi : un scénario flou à la portée historique

  • Peinture murale du drapeau basque, le 25 septembre 2016, à Larrabetzu
    Peinture murale du drapeau basque, le 25 septembre 2016, à Larrabetzu ANDER GILLENEA
  • Le groupe séparatiste basque ETA devrait rendre ses armes
    Le groupe séparatiste basque ETA devrait rendre ses armes Sophie RAMIS, Thomas SAINT-CRICQ
  • ARCHIVES: "Désarmement" d'ETA samedi
    ARCHIVES: "Désarmement" d'ETA samedi -
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© 2017 AFP

L'organisation séparatiste basque espagnole ETA a confirmé qu'elle procèdera samedi au Pays Basque français à un "désarmement total" qui, s'il est effectif, tournera une page historique en Espagne et en France.

Dans une lettre publiée jeudi soir peu avant minuit par la chaîne britannique BBC, ETA -- encore considérée comme une organisation terroriste par l'Union européenne -- affirme que son désarmement s'achèvera samedi.

"Le +jour du désarmement+ est demain", indique ETA dans ce communiqué publié en anglais et en espagnol et daté du 7 avril.

Elle confirme ainsi l'annonce faite par le militant écologiste basque français Txetx Etcheverry, puis par le gouvernement régional basque, en Espagne.

Le 17 mars, ce militant avait précisé que le désarmement interviendrait le 8 avril. Le président régional basque espagnol Inigo Urkullu avait ensuite confirmé que son gouvernement était "directement informé" de ces intentions et qu'il accordait "une crédibilité" à l'annonce.

Un communiqué de confirmation de l'ETA était attendu depuis, et il est finalement intervenu aux alentours de minuit jeudi... presque soixante ans après la fondation de l'ETA et des années de violences ayant coûté la vie à plus de 800 personnes.

"Nous avons pris les armes pour le peuple basque et désormais nous les laissons entre ses mains en ayant pour objectif d'avancer vers la paix et la liberté de notre peuple, car pour faire avancer +l'agenda+ des solutions, il faut s'engager", lit-on dans ce texte.

L'ETA assure être en fait déjà "une organisation désarmée", en expliquant avoir cédé son arsenal à la société civile chargée des modalités "politique et technique" de la remise.

Les armes de Euskadi Ta Askatasuna (E.T.A., Pays Basque et Liberté) seraient essentiellement en France selon des experts de la lutte antiterroriste. L'arsenal comprendrait environ 130 armes de poing et deux tonnes d'explosifs.

L'organisation, née en 1959 dans la lutte contre le franquisme, avait déjà renoncé en octobre 2011 à la lutte armée pour l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre.

Mais elle refusait le désarmement unilatéral et la dissolution exigés par Madrid et Paris, réclamant une négociation sur ses quelque 360 membres encore incarcérés en Espagne et en France.

L'ETA, "à l'agonie", ne compterait cependant plus qu'une "trentaine de membres" dans la clandestinité, selon des sources antiterroristes en France et en Espagne.

Son ultime attentat, au cours duquel un policier français a été tué, remonte à mars 2010, ce qui avait porté le bilan des morts attribués à l'organisation à 829.

Samedi le désarmement sera symbolique: il devrait consister en une remise à la justice française d'informations permettant la géolocalisation des caches d'armes, selon une source proche de l'organisation de ce "désarmement".

En parallèle aura lieu un "grand rassemblement populaire" à Bayonne, dans le sud-ouest de la France, pour célébrer cette étape.

Les "opérations sécurisées de désarmement se dérouleront en dehors de Bayonne, effectuées de façon à garantir qu’il soit total, vérifiable et vérifié", ont assuré des sources proches des nationalistes basques.

'Tourner la page de la violence'

"Ce désarmement est indispensable pour tourner définitivement la page de la violence au Pays Basque. Il doit néanmoins se faire dans le respect total des règles de droit", a aussi déclaré à l'AFP Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste de la région, proche du président français François Hollande, souvent présentée comme intermédiaire dans ces négociations.

En principe, seule l'autorité judiciaire est habilitée à se saisir de ces armes.

De leur côté, les services de police et de gendarmerie, et les spécialistes du déminage seront "prêts à se déployer" à tout moment.

Côté espagnol, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, qui a toujours exigé un désarmement sans conditions, s'est montré ferme.

"Le seul chemin possible pour ETA, c'est la dissolution, la remise des armes, la repentance et la réparation du tort causé", a déclaré mercredi le ministre de l'Intérieur, Juan Ignacio Zoido, assurant qu'il "n'y aura ni transactions, ni concessions" aux membres de l'ETA en échange de ce geste.

Comme "contre-évènement" à la journée du 8 avril, le Parti populaire (PP) de Rajoy organise vendredi à Vitoria, dans le Pays basque espagnol, un rassemblement pour rendre hommage aux "vrais artisans de la paix" selon lui -- les forces de sécurité -- et aux victimes de l'ETA.

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