Rapidité, rigueur, coordination : ces trois principes de l'organisation sont d'une importance primordiale quand chaque minute gâchée peut signifier la perte de vies humaines
Lundi 13 février, il est bientôt midi. Dans les contreforts savoyards du massif des Cerces. Depuis plusieurs minutes, sept militaires du Groupement d'aguerrissement de montagne (GAM) de Modane arpentent le manteau neigeux qui drape le couloir de la Clapière : un classique du ski hors piste à deux pas du Col du Galibier.
" Je répète, six victimes sous une coulée ! ", crache une radio. Équipés de détecteurs de victimes d'avalanches (DVA), de pelles et de sondes, ils sont à la recherche de survivants d'un groupe de randonneurs à ski qu'une coulée a englouti une poignée de minutes plus tôt, d'après l'alerte donnée par un témoin.
Ces soldats participent à une simulation imaginée pour tester l'efficacité d'une intervention conjointe avec le Peloton de gendarmerie de haute-montagne (PGHM) de Modane. La trentaine de militaires, gendarmes, médecins et pisteurs participant à l'exercice ne le savent pas encore : dans une vallée voisine, à Tignes, se joue au même moment le scénario bien réel d'une avalanche d'ampleur qui fera quatre morts.
Pour les militaires engagés dans l'exercice, la situation est épineuse car, en raison des mauvaises conditions climatiques, aucun hélicoptère n'a pu décoller et les renforts du PGHM de Modane n'arriveront qu'après 1h30 d'ascension.
15 minutes
Ils sont pour l'heure seuls aux commandes et le temps est compté car après quinze minutes sous la neige, rares sont les victimes qui peuvent être sauvées.
"Une fois le chronomètre déclenché, le taux de mortalité grimpe rapidement. Plus nous arrivons tôt, plus les chances de retrouver des survivants sont importantes", Franck Bouchayer, lieutenant colonel du GAM de Modane
Les secouristes s'attachent en premier lieu à localiser avec précision le nombre de victimes potentielles, en s'appuyant sur les indices matériels - skis, bâtons... - visibles sur la neige. Puis ils débutent une recherche fine des zones marquées, au DVA et à la sonde.
"Ok, j'ai une victime !", crie soudain un militaire, l'extirpant de la neige après plusieurs pelletées. " Le but, c'est de dégager la tête et les voies aériennes ", souffle le capitaine Fabrice David, commandant du PGHM de Modane. Le massage cardiaque commence, associé à du bouche-à-bouche si le skieur inconscient n'a pas absorbé de neige.
"Des délais de survie parfois surprenants"
"Trente minutes se sont écoulées. On est dans le dur. Mais il faut se comporter comme si l'avalanche venait d'avoir lieu, car il y a parfois des délais de survie surprenants", commente le sergent chef Pierre, rappelant que cinq skieurs sont encore en théorie sous la neige.
13h30. L'équipe du PGHM a rejoint le lieu du drame, suivie par deux bergers malinois spécialisés dans la recherche de victimes d'avalanche. "Chercher !", lance un secouriste à son chien.
Il revient alors aux gendarmes, épaulés par le médecin de garde, de former un poste de commandement afin de gérer ce que les professionnels dénomment "le chantier d'avalanche". Les "patients sur le fil du rasoir" - notamment ceux en état d'hypothermie -, que des soins immédiats peuvent ramener rapidement à la vie et stabiliser, sont traités en priorité.
13h43. Tandis que la sixième et dernière victime est découverte, les premières évacuations ont lieu à bord d'un engin militaire chenillé. "La première victime a été découverte 30 minutes après l'alerte . Dans une situation réelle, elle serait peut-être déjà morte ", grince Franck Bouchayer.
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