Coronavirus : des médecins portent plainte contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn

Les médecins s’appuient sur des déclarations d’Agnès Buzyn au « Monde », dans lesquelles elle affirmait avoir alerté dès janvier le Premier ministre sur la gravité de l’épidémie de coronavirus.

Edouard Philippe et Agnès Buzyn, le 10 mars 2020 à Paris.

Edouard Philippe et Agnès Buzyn, le 10 mars 2020 à Paris. MARTIN BUREAU / AFP

Trois médecins, représentants d’un collectif de soignants, ont porté plainte jeudi 19 mars contre le Premier ministre Edouard Philippe et l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, les accusant de s’être « abstenus » de prendre à temps des mesures pour endiguer l’épidémie de Covid-19, a annoncé leur avocat.

Cette plainte, que l’AFP a pu consulter, a été envoyée dans la journée à la commission des requêtes de la Cour de Justice de la République (CJR), seule instance habilitée en France à juger des actes commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions, selon Me Fabrice Di Vizio.

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Les trois plaignants – Philippe Naccache, Emmanuel Sarrazin et Ludovic Toro, tous trois médecins – ont saisi la CJR au nom du collectif C19, récemment créé. Ils estiment qu’Edouard Philippe et Agnès Buzyn « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer ».

Ils s’appuient notamment sur des déclarations d’Agnès Buzyn au « Monde », qui a affirmé, après le premier tour des municipales, avoir alerté dès janvier le Premier ministre sur la gravité de l’épidémie de coronavirus et l’avoir averti que « les élections ne pourraient sans doute pas se tenir ».

Dès lors, les plaignants accusent Philippe et Buzyn, médecin de profession, de s’être abstenus « volontairement de prendre ou de provoquer les mesures permettant […] de combattre un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes », en l’occurrence l’épidémie de Covid-19, ce qui est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

Des mesures qui auraient dû être prises plus tôt

A partir du 13 mars, le gouvernement a pris plusieurs mesures, avec en dernier lieu le confinement généralisé de la population, soulignent-ils. Si celles-ci avaient été prises avant, cela « aurait sans nul doute permis de juguler l’épidémie en réduisant le nombre de personnes contaminées, et donc de personnes susceptibles de contaminer les autres », jugent-ils, regrettant notamment que dans l’Oise, un des foyers du Covid-19 en France, « aucune mesure particulière, autre que la fermeture des établissements scolaires », n’ait été mise en place.

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Mardi soir, Edouard Philippe a tenté d’évacuer la polémique née des propos d’Agnès Buzyn. « Si nous n’avions pas pris au sérieux cet événement sanitaire, je n’aurais pas organisé une réunion dès le mois de janvier » et « pris des décisions lourdes », a-t-il déclaré sur France 2.

« Il y a quelques mois, il y a des gens qui disaient “vous en faites trop” ou “vous n’en faites pas assez”. Dans quelques mois, certains diront : “Il aurait fallu faire autrement”. Ces polémiques, je les connais, je les assume », a-t-il ajouté.

Mercredi, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a de son côté assuré que l’Etat ne savait pas en février que l’épidémie de coronavirus allait conduire la France à connaître la situation actuelle, assurant qu’aucune décision prise par l’Etat n’avait été « contraire aux choix des scientifiques ».

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