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Santé

Journal de bord d'un réanimateur : "Ça commence à déborder de partout"

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Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la déferlante de malades du coronavirus, cet anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'AFP le résumé de sa journée, vu de l'intérieur (photo d'illustration)
Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la déferlante de malades du coronavirus, cet anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'AFP le résumé de sa journée, vu de l'intérieur (photo d'illustration)
AFP/Archives - Martin BUREAU

Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la déferlante de malades du coronavirus, cet anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'AFP le résumé de sa journée, vu de l'intérieur, et son ressenti sur cette crise sanitaire et humaine.

"Journée compliquée. Ça y est on est dedans", écrit à l'AFP, dans son point quotidien, ce médecin, dont l'anonymat a été préservé afin de lui garantir une liberté de témoignage, au coeur du système hospitalier public.

- Mardi 24 mars -

La structure du SARS-Cov-2, le coronavirus à l'origine du Covid-19 (AFP - John SAEKI)
La structure du SARS-Cov-2, le coronavirus à l'origine du Covid-19 (AFP - John SAEKI)

"Ça fait deux semaines que l'on s'y prépare sans vraiment y croire. Mais ce coup-ci on y est bien. La vague est là. Ça commence à déborder de partout. Les appels incessants du Samu qui cherche des places en réanimation. Il y en a encore en Ile-de-France, mais de moins en moins.

Les patients ont presque tous les mêmes histoires, souvent les mêmes profils, les mêmes symptômes et la même évolution. Ils sont dans un état grave. On commence à identifier des patients qui vont décéder, parce que nous n'avons pas beaucoup de traitements à proposer.

Cette maladie, personne ne la connaît. Personne n'a la recette miracle, quoiqu'on veuille faire croire. La chloroquine, l'azithromycine (antibiotique de la famille des macrolides ndlr), les antirétroviraux, tout ça pour l’instant ca ne vaut rien car personne ne sait. Ça changera peut-être mais pour l'instant c’est comme ça.

Chez les réanimateurs, on commence à retourner aux bases: on fait ce que l'on sait faire, et ce que l'on ne sait pas faire on ne le fait que dans le cadre d'un essai thérapeutique, quelle que soit l'urgence sanitaire.

Une ambulance du SAMU de Paris, le 21 mars 2020  (AFP - Lionel BONAVENTURE)
Une ambulance du SAMU de Paris, le 21 mars 2020 (AFP - Lionel BONAVENTURE)

Le rythme est difficile. Ça grouille beaucoup dans la réanimation. Les collègues ont été complètement redistribués dans les différentes unités, se (re)découvrent et (ré)apprennent à travailler ensemble. C’est bien. Mais parfois fatiguant.

Et puis il y a aussi des réunions surprise pour telle ou telle organisation. Et une avalanche de mails, chaque jour, qu'évidemment on lit en diagonale.

Le plus dur ? Peut-être les familles qu'il faut appeler plusieurs fois par jour et qui n'ont pas le droit d’être là. De manière étonnante, quelles que soient les nouvelles données positives ou négatives, tous les proches sont très, très, très compréhensifs et nous souhaitent bon courage. Du jamais vu !

On commence à se demander comment on va tenir. Autant les médecins que les paramédicaux. C'est prenant, fatiguant, usant, et ça ne fait que commencer."

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