L'Amérique anti-Trump laisse éclater sa colère à Washington

AFP

Une limousine en feu à Washington lors des manifestations anti-Trump le 20 janvier 2017
Une limousine en feu à Washington lors des manifestations anti-Trump le 20 janvier 2017 © AFP

Temps de lecture : 5 min

Poubelles et voitures incendiées, vitrines brisées et grenades lacrymogènes : les rues d'ordinaire très aseptisées du centre de Washington ont été le théâtre de scènes d'émeutes vendredi, lorsque plusieurs centaines de manifestants anti-Trump ont violemment affronté la police, en marge de l'investiture du président américain.

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Visages masqués par un foulard noir, encapuchonnés ou portant des masques à gaz, entre 500 et 1.000 personnes ont brisé des vitrines et caillassé la police en tenue anti-émeute sur K Street, une artère située à quelques encablures de la Maison Blanche.

Heurts entre manifestants et policiers après la cérémonie d'investiture de Donald Trump, devenu le 45e président des Etats-Unis, le 20 janvier 2017 à Washington © Andrew CABALLERO-REYNOLDS AFP
Heurts entre manifestants et policiers après la cérémonie d'investiture de Donald Trump, devenu le 45e président des Etats-Unis, le 20 janvier 2017 à Washington © Andrew CABALLERO-REYNOLDS AFP

Les quelque 200 policiers qui ont essuyé des jets de pierres et de briques ont tenté de les disperser en tirant plusieurs dizaines de grenades lacrymogènes.

Une fumée âcre prenait à la gorge en milieu d'après-midi sur ces deux pâtés de maison survolés par un hélicoptère de la police, jonchés de poubelles calcinées, de bris de verre, de boîtes à journaux métalliques et de cartouches.

Une limousine noire figurait parmi les véhicules incendiés.

Heurts entre manifestants et policiers après la cérémonie d'investiture de Donald Trump, devenu le 45e président des Etats-Unis, le 20 janvier 2017 à Washington © Andrew CABALLERO-REYNOLDS AFP
Heurts entre manifestants et policiers après la cérémonie d'investiture de Donald Trump, devenu le 45e président des Etats-Unis, le 20 janvier 2017 à Washington © Andrew CABALLERO-REYNOLDS AFP

"Quatre ans à se battre", pouvait-on lire sur la pancarte brandie par une manifestante masquée, en référence au mandat à venir de Donald Trump, devenu quelques heures plus tôt le 45e président des Etats-Unis.

Nombre de manifestants visaient directement Donald Trump, mais une minorité non négligeable semblait s'être agrégée au mouvement tout en ayant d'autres revendications, notamment pour les droits des minorités.

- "J'ai peur" -

A l'instar de Raven Devanney, jeune femme blonde de 19 ans qui reprend son souffle sous un abribus tagué de l'inscription "Nous le peuple", après une charge de la police.

Heurts entre manifestants et policiers après la cérémonie d'investiture de Donald Trump, devenu le 45e président des Etats-Unis, le 20 janvier 2017 à Washington © Andrew CABALLERO-REYNOLDS AFP
Heurts entre manifestants et policiers après la cérémonie d'investiture de Donald Trump, devenu le 45e président des Etats-Unis, le 20 janvier 2017 à Washington © Andrew CABALLERO-REYNOLDS AFP

"Je suis là pour soutenir les droits des femmes, des musulmans, des personnes de couleur, des immigrants, des homosexuels. Bref, pour conserver tout ce pour quoi on s'est battus cette dernière décennie", assure-t-elle, flanquée d'une casquette "Rendre l'Amérique de nouveau gay", jeu de mots sur le slogan de Donald Trump "Rendre à l'Amérique sa grandeur".

"J'ai peur que Trump ne renverse tout un tas de droits que nous avons acquis", ajoute cette étudiante venue de Boston en réajustant son foulard sur son nez, tout en déplorant les violences du jour.

Les incidents, faits d'un "petit groupe de manifestants" selon la maire de Washington Muriel Bowser, ont conduit la police à procéder à 217 arrestations.

Des manifestants anti-Trump à Chicago, le 20 janvier 2017 © derek henkle AFP
Des manifestants anti-Trump à Chicago, le 20 janvier 2017 © derek henkle AFP

Plus tôt, des affrontements moins violents avaient opposé la police et plusieurs centaines de jeunes, portant pour nombre d'entre eux vestes à capuche et foulards noirs caractéristiques du groupe Black Block, un mouvement radical et souvent violent.

Des vitrines avaient déjà été brisées et des voitures endommagées.

"Les dégâts matériels ne me dérangent pas", a expliqué sur place Scout Holiday, 21 ans, une étudiante à l'université du Michigan.

"C'est ce qui arrive quand les gens sont en colère, et il y a beaucoup de raisons d'être en colère aujourd'hui".

- "Honte" -

Le reste des marches et rassemblements qui ont émaillé la journée d'investiture présidentielle à Washington se sont déroulées dans le calme, si ce n'est quelques invectives verbales entre partisans des deux camps.

Un homme regarde une vitre brisée lors d'une manifestation anti-Trump, le 20 janvier 2017 à Washington © Andrew CABALLERO-REYNOLDS AFP
Un homme regarde une vitre brisée lors d'une manifestation anti-Trump, le 20 janvier 2017 à Washington © Andrew CABALLERO-REYNOLDS AFP

Sammy Lett, venu en bus du Wisconsin et emmitouflé dans un grand drapeau arc-en-ciel de la communauté homosexuelle, a ainsi résumé les raisons de sa présence dans la capitale : "Tous ceux qui ne sont pas des hommes blancs hétérosexuels ont des raisons d'être inquiets".

Non loin de Pennsylvania Avenue, la grande artère reliant la Maison Blanche au Congrès, des anti-Trump bloquaient le passage aux pro-Trump venus applaudir leur champion.

Manifestations à New York, le 20 janvier 2017 © Bryan R. Smith AFP
Manifestations à New York, le 20 janvier 2017 © Bryan R. Smith AFP

"Honte, honte", criaient les premiers au passage des partisans du nouveau président, pour la plupart coiffés de casquettes ou de bonnets aux couleurs de la campagne Trump.

"Je veux joindre ma voix à tous ceux qui s'élèvent contre le racisme, le sexisme, l'oppression sous toutes ses formes et travaillent pour un monde meilleur", a affirmé Nadine Block, une quinquagénaire de Washington.

Daniel, 19 ans, est lui venu de New York protester contre "l'oligarchie" et "pousser le spectre politique américain vers la gauche", a-t-il expliqué, arborant des autocollants en faveur de Bernie Sanders, le rival malheureux d'Hillary Clinton à la primaire démocrate.

En fin d'après-midi, la maire de Washington a affirmé que Washington était prête pour d'éventuel "événements" dans la soirée.

Des manifestations contre le nouveau président ont également eu lieu dans d'autres villes américaines, à Chicago, New York et Atlanta.

A Chicago, des milliers de personnes ont défilé devant un vaste hôtel qui porte le nom de Trump. La manifestation a été pour l'essentiel pacifique, la police faisant état de heurts sans gravité qui ont entraîné deux arrestations.

21/01/2017 05 :40 :13 -  Washington (AFP) -  © 2017 AFP